Raphaël, mon frère...

Le seul souvenir distinct qui me reste de Raphaël est une dispute avec notre mère un soir de décembre mille neuf cent soixante dix, peu de temps avant Noël. Il est tard et il s'est absenté durant plusieurs jours sans que l'on sache où il se trouve comme à son habitude. Notre mère est au rez-de-chaussée, dans la cuisine, inquiète. Elle attend sans savoir s'il va rentrer. Je suis déjà au lit. J'ai cinq ans et lui dix-neuf. Lorsqu'enfin il rentre, je les entends discuter puis le ton monte rapidement. Maman se met à pleurer, puis parle plus fort, ce qui n'est pas habituel. Raphaël sanglote, supplie puis le bruit sourd d'une gifle retentit. Il grimpe quatre à quatre les marches qui mènent à l'étage.