Résumé
Au nombre des inspirations possibles de la pensée de Platon, aucune ne fut si peu envisagée que la source égyptienne. Ce n'est pas faute d'avoir connu l'Egypte. Par Hérodote, sans doute ; de sa personne, nous en jugerons sur pièces. Que l'on fasse nôtre, pour l'heure, une idée directrice : l'Egypte est, chez Platon, bien davantage qu'un expédient à valeur rhétorique ; elle fut une ancre, l'un des catalyseurs de son système philosophique. Nous escomptons ainsi, dans le sillage de Dodds et de Daumas, tirer parti d'une lecture méthodique de l'??uvre de Platon pour colliger toutes les indications, tous les marqueurs, tous les indices passibles d'étayer la thèse d'investissements ou d'incorporations d'éléments exotiques à la chair des Dialogues. Notre projet consisterait plus particulièrement à proposer un recensement de différentes options de recherche pouvant conduire à postuler les réinvestissements de motifs « égyptianisants » ' tant par la forme que par le fond ' au sein des loci aegyptii. Il s'agirait d'instruire une lecture de Platon guidée par le fil rouge d'une Egypte inspirante ; Egypte présente dans les silences autant que dans les références ; Egypte comme pépinière d'idées, source d'imaginaire et matrice d'intuitions. Ce n'est qu'alors, alors seulement que nous aurons acquis les matériaux et les outils à même de nous faire comprendre un peu mieux ce que Platon, ergo la Grèce, ergo notre Occident philosophique, doit à l'Egypte ; de nous instruire des richesses conceptuelles lesquelles, au sein d'une civilisation que l'on se représente à l'heure actuelle si éloignée des codes qui sont les nôtres, a pu intéresser Platon et enrichir sa réflexion. Quoi de plus indiqué, pour ouvrir cette enquête, que la question de l'âme, de sa nature et de sa destinée ?