Résumé
Je ne jouerai pas les accompagnateurs pédants dispensant une leçon mal apprise, comme s'il s'agissait d'une manne céleste. Comment pourrais-je professer sur le mode doctrinal, une histoire des masques bien léchée et exhaustive, en étouffant nos inquiétudes, le vif-argent de nos sentiments et de nos réflexions dans la raideur mortuaire d'un abécédaire, d'un bric-à-brac à la Prévert. Je me garderai de vous entretenir d'un entassements de masques, aussi singuliers soient-ils, comme déposés là par hasard, suite à la crue d'un fleuve colérique.
Aussi, ne s'agira-t-il pas de narrer l'histoire des masques, ce qui serait nominaliste et par trop réducteur. Je questionnerai plutôt les représentations d'un ensemble complexe, véhiculé par le mot même de masque. Un territoire, par ailleurs, aux limites incertaines qui a pris forme dès la préhistoire, et qui s'est perpétué durant « La grande Histoire », dont je m'efforcerai de suivre les variations, les métamorphoses, les généalogies plurielles.
Ces multiples strates d'interprétations, littéraires, sociologiques, ethnologiques, anthropologiques et scientifiques, s'entrecroiseront et se recouvriront au fil de mon récit. Aussi, la diversité de ses lectures et de ses approches, ne pourra rendre que partiellement la pluralité de la voix des masques. Encore, m'aura-t-il fallu opérer des choix douloureux pour parler de « ce trou noir ontologique, pèlerin d'un univers dédoublé » pour paraphraser le philosophe Heidegger.