Résumé
En découvrant la vie comme une activité de lutte contre l'indifférence, l'état de santé comme volonté de puissance et la pathologie comme témoignant d'autres « allures » possibles de la vie, Canguilhem trace une voie que la philosophie peut explorer pour éprouver l'analogie entre pensée de la science et science de la pensée. Analogie qui rend pensable l'identité foncière entre le déploiement de la vie et de la science de la vie, attendu que toute connaissance possible de la vie est émanée d'elle-même : la vie, pour Canguilhem, s'auto-dévoile au travers de la science. L'épistémologie n'est plus dès lors que la biologie appliquée à la science dans son devenir vital, marquée par des ruptures qualitatives qui définissent ses équilibres systémiques précaires, ses erreurs heuristiques et ses remaniements constants dont l'éventualité féconde atteste la vitalité. Le culturel rejoint le naturel, et l'histoire des idées l'histoire des organismes, n'étant en fin des fins que le « prolongement des organismes par d'autres moyens ».