La Lune

L'auteur exècre, abhorre, abomine l'époque et ses contemporains qu'il fustige sans ménagement. Il aurait pu en rester là et se murer dans sa monolithique tour d'ivoire mais l'oiseau a de l'envergure. Sa quête de pureté et d'élévation lui fait toucher les astres et l'un d'entre eux retient toute son attention : notre satellite poudreux. Là il trouve un terrain propice pour laisser sa fertile imagination musarder à sa guise. Et la face camarde, boursoufflée, balafrée de canyons et piquetée de cratères bubonneux devient sous sa plume une pure, lisse et attrayante figure angélique ; l'astre mort, une contrée riante. Privilège, apanage du poète. L'astre au front d'argent l'inspire, beaucoup, au point de lui soutirer une sélénographie de 100 textes. Car notre auteur a une facilité d'écriture déconcertante ; ajoutons qu'il est égocentrique, acerbe, cassant mais comme il a une bien jolie plume, on lui pardonnera beaucoup.