Olivier Deluermoz

La cabane aux songes

Marie se trouvait au sommet de cette jolie colline arrondie et collée à ce fond de ciel bleu. De là, elle pouvait apercevoir la petite cabane dans laq

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10422

Reliures : Dos carré collé

Formats : 14,8x21 cm

Pages : 121

Impression : Noir et blanc

N° ISBN : 9782953340204

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La cabane aux songes
Marie se trouvait au sommet de cette jolie colline arrondie et collée à ce fond de ciel bleu. De là, elle pouvait apercevoir la petite cabane dans laq

Autour de Olivier Deluermoz

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À propos de l'auteur
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Résumé
Marie se trouvait au sommet de cette jolie colline arrondie et collée à ce fond de ciel bleu. De là, elle pouvait apercevoir la petite cabane dans laquelle je circulais. Marie était une jeune demoiselle en pleine éclosion, ses yeux noisette pétillaient de mille éclats, sa peau était lustrée comme une pomme, ses tâches de rousseur étaient comme des akènes sur la surface d'une fraise et ses sourcils broussailleux suggéraient sa simplicité. Du haut de sa petite colline, Marie sentait le désir de puissance monter en elle, du bout de ses tendres doigts, elle tentait d'écraser nos quatre murs. D'en bas, on aurait cru voir arriver un fou chevalier aux espoirs de conquête, mais Marie était bien loin de cette rêverie là, elle savait pertinemment que sa vie se trouvait dans cette cabane cernée de collines et de talus retenus par la force des tendres violas. Tous ses projets d'enfance s'étaient volatilisés, l'amour la retenait à mes côtés, pour toujours. Pour toujours Marie serait mienne, aux côtés de ces murs sablés, aux côtés de ces murs verdoyants, aux côtés de ces murs passionnels.



Plus loin ; la mer, et plus loin encore ; l'horizon. C'est sous le regard de cet horizon que Marie se perdait dans le vert de la mer. Elle aimait rêvasser, debout sur les lieux surplombant notre amour, elle aimait espérer, assise sur le sable fin et froid de la plage hivernale. Souvent, sur la plage, Marie s'imaginait des tas de stupidités, elle regardait le sable poussé par le vent et se reconnaissait dans ce grain de sable sans volonté. Et parfois, elle se reconnaissait dans ce grain de sel voguant parmi les flots, sans but, et s'échouant sur un rocher.



C'est un peu ça Marie. Elle est mon grain de sable, elle est mon radeau sans voiles, je suis son souffle, je suis ses flots. D'une certaine manière, Marie adore se faire ballotter de mer en mer, elle vénère mon souffle. Lorsque je passe ma main dans ses cheveux, je sens une fraîcheur iodée lécher mes doigts ligotés. Je suis au bord du précipice, prêt à plonger dans cette mer de pensées inconnues qu'elle garde à l'abri de moi, au fond de sa coupole charnelle.



Les cheveux qui arboraient son crâne oblong formaient un véritable nid de cigogne dans lequel mon regard s'emmitouflait lors de mes instants d'évasion. La coiffure de Marie était extraordinaire, on pouvait y trouver des merveilles cueillies au gré du hasard, lors des grandes promenades qu'elle entreprenait seule le long de la plage, le long des collines, le long des crêtes affûtées par mers et vents immémoriaux. Feuilles, sable, sel, boue, racines, écorces, épines, fourmis et pétales pullulaient dans son nid. Marie transportait un microcosme témoignant de ses destinations gardées au fond de sa mémoire. Elle était la sentinelle voyageuse de cette civilisation hétéroclite suspendue au bout de ses cheveux. Les mains exploratrices de Marie étaient souvent glaisées et avaient un teint verdâtre qui trahissait les activités qu'elle avait faites. Souvent, du haut de la colline, je pouvais apercevoir Marie patauger dans de la glaise bleutée et créer de drôles de poteries qui exprimaient des formes inquiétantes. Puis elle s'en allait, laissant derrière elle ses créations habillées de rêves et d'angoisses.



Quand Marie rentrait à la maison, les pieds empaquetés dans la boue, les mains glaisées et le microcosme sur la tête, la première chose qu'elle faisait était de s'affaler sur le lit situé au milieu de la cabane. Elle restait inerte durant de longues minutes, couchée au milieu de cette cabane percée par de chauds rayons de soleil où le vent coquin s'infiltrait entre les planches. Il se faufilait, s'engouffrait et se pressait pour caresser la douce peau de Marie et briser les remparts de sa chevelure. Marie s'évanouissait peu à peu dans ce berceau venteux et ennuagé, elle s'abandonnait complètement à ses rêves de liberté. En attendant son retour, je ne pouvais que rapprocher mon visage de son visage et sentir la chaleur de son souffle caresser mon haleine mortuaire et glaciale. Je délivrais les notes régulières de ma respiration à ses oreilles en forme de coquillage où bruissait encore le ressac des vagues et la disparition de l'écume sur le sable frais. Marie vivotait ainsi sur ce maigrelet morceau de terre depuis que ses parents furent morts.

Marie était une fille accompagnée de sa solitude, elle parlait avec silence à la mer qui gardait précieusement les secrets qu'elle lui délivrait, elle s'enivrait des caresses du vent, elle s'emmantelait de boue quand ce n'était pas de poussière et, souvent, elle se confiait à la lune les soirs d'été où les remous du ciel semblaient aspirer les étoiles naissantes et moribondes. Depuis la mort de ses parents, Marie vivait ainsi au plus près de la nature, sa seule mère de substitution, et avait perdu l'usage de la parole et le désir de communication avec l'Homme.



Je n'osais lui avouer mon existence. Elle était mon seul courant d'air, mon seul amour, j'étais son amant invisible, je transportais ses charmantes odeurs aux confins de l'horizon, j'étais comme le vent, fugace, et transporteur de frissons mortels, je pouvais balayer les cumulus, les stratus et les nimbus qui obstruaient l'esprit de ma nymphe. Mais elle ne connaissait pas mon existence, elle ne se doutait pas de l'avenir que je lui préparais ; en tout cas, pas encore. [...]
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