Résumé
L'ouvrage qu'on va lire est un roman venu de la Chine : s'il arrivait du nord, le succès en serait assuré d'avance. On pourrait, avant de l'avoir ouvert, s'attendre à y trouver quelqu'un de ces récits intéressants et instructifs que la studieuse avidité de notre siècle a mis en vogue, et où l'on aime à puiser sans efforts la connaissance des m??urs, des traditions, du génie des peuples et du caractère des hommes illustres. Les romans n'étaient autrefois considérés que comme des compositions agréables, destinées à l'amusement des personnes dés??uvrées : on en a su faire des livres utiles à l'instruction de ceux qui sont trop occupés pour trouver le temps de lire l'histoire. C'est par cette méthode qu'un littérateur célèbre a récemment mis en lumière, avec des applaudissements universels, les guerres civiles de Montrose, les inspirations des Montagnards Calédoniens et les sorcelleries des îles Orcades. D'autres écrivains ont usé du même procédé avec des talents différents, pour peindre les habitudes des nouveaux Grecs, des Persans modernes, des Espagnols de notre temps, des chevaliers du moyen âge. Chaque jour on voit grossir le nombre des personnages qui sont admis dans cette galerie biographique et pittoresque, et Richelieu lui-même et Cromwell viennent d'y trouver place. On ne saurait trop encourager ce nouveau genre, surtout dans ses applications à l'histoire nationale. C'est comme un refuge ouvert à cette solide érudition, qu'on se plaignait de voir exilée de quelques autres branches de littérature moins favorisées. Des contes si dignes de foi remplaceront très agréablement les compilations de nos bénédictins ; et il y aura bien plus de gens consommés dans les études qui se rapportent aux siècles passés et aux contrées étrangères, quand il n'en coûtera, pour s'y rendre habile, que la peine de lire des ouvrages comme Waverley, Anastase ou les aventures de Hadji-Baba.