Résumé
Les deux caractéristiques essentielles de l'écriture du Fou de Shérazade et du Sommeil d' Eve sont : l'intertextualité et la mixité. Ces deux caractéristiques de l'écriture sont les indices qui attirent tout aussi bien l'??uvre de Leïla Sebbar que celle de Mohammed Dib et leur donnent leur cohérence : le métissage retrouvé dans les espaces vécus ou rêvés. Ces deux constantes qui dévoilent le centre présentent des similitudes certaines et peuvent constituer, en dernière instance, dont seul l'objet diffère. En effet, la mixité serait pour l'être humain ce qu'est l'intertextualité pour l'écriture. La mixité, c'est le contact, la rencontre, la liaison entre des êtres de race, de culture, de religions différentes ; l'intertextualité n'est aussi rien d'autre que le contact, le croisement entre des textes d'origines diverses.
Ces deux notions, qui peuvent être saisies sous les termes d'interaction productive et bénéfique, éclairent considérablement les deux écritures qui semblent naître constamment et immanquablement de la conjugaison de cette double opposition. L'exemple le plus frappant d'un espace textuel généré par la rencontre des « contraires » est bien celui de Shérazade et de Julien ou celui de Faïna et de Solh. Ces personnages, à l'origine séparés par l'histoire, la religion, la culture, se rencontrent, s'unissent. De cette rencontre va naître d'abord toute l'écriture de la trilogie de Leïla Sebbar ou celle de Mohammed Dib ou des liens, signes de différence, s'inversent en signes de rapprochement et de reconnaissance.
Ainsi, et au-delà des caractéristiques de l'écriture de L.Sebbar et de M.Dib, le seul vrai thème des deux ??uvres semble être celui de la mixité ou du métissage. Ce thème obsessionnel exprime le centre qui attire tout aussi bien Le Fou de Shérazade que Le sommeil d'Eve : l'affirmation du métissage culturel.