Café littéraire à Wattignies (Nord)

 Café Littéraire   Débuté par Dominique   2013-03-15 00:00:00 +01:00   Messages 3    Vues: 1653

  1. Dominique
    Dominique Membre Lille
    J'ai fait récemment, avec la bibliothèque municipale de ma ville, un café littéraire au sujet de mon livre autobiographique: 'QUI JE SUIS', édité par thebookedition.
    En voici le compte-rendu pour ceux et celles que cela intéresserait:

    MA PRESENTATION
    Dominique Callewaert-Vinck,
    64 ans
    Enseignante retraitée
    Loisirs : correction et relecture, écrivain public, chant
    Je suis une enfant de l'après-guerre des années 50, adolescente des années 70,puis femme des années 80, j'ai vécu la révolution de 1968, une époque d'énormes changements en tous domaines qui a beaucoup influencé ma vie. Je mène aujourd'hui une existence de sexagénaire retraitée de l'éducation, entre la lecture et l'écriture qui s'est révélée être, avec le temps, ma véritable passion.


    « QUI JE SUIS » est une autobiographie
    C'est l'histoire d'une vie, la mienne, depuis mes premiers souvenirs d'enfance jusqu'à nos jours .
    C'est une histoire vraie, étayée par des récits de parents proches et d'amis qui ont bien connu ma famille.

    D'abord, quand on écrit un livre, la première chose qui vient à l'esprit c'est : « quel titre lui donner? »
    J'aurais pu appeler mon récit simplement « Ma vie » ou « Histoire d'une vie », par exemple, mais j'ai choisi celui-ci parce qu'il m'a littéralement interpellé !
    Préface : Lire p. 6 et 7


    LA REVELATION
    Il y a quatre ans, j'ai eu la révélation d'un secret de famille concernant ma naissance.
    Depuis des années je savais que je devais écrire mon histoire, j'avais envie de le faire, mais quelque chose me bloquait et m'en empêchait.
    J'avais des choses à dire mais il manquait toujours un maillon à la chaîne de ma vie.
    Enfant mal aimée de mon père en particulier, j'avais toujours pensé que je n'avais pas été désirée,
    Dans ma famille de plus, famille d'enseignants et donc, en principe, aimant les enfants, cela me semblait impossible !
    J'ai donc très très longtemps éprouvé un sentiment de rejet et d'abandon de la part de mon père, car ma mère était la tendresse même et par bonheur elle a désiré tous ses enfants.
    Nous sommes une fratrie de 4 et nous avons tous été aimés de ma mère, de la même manière désintéressée et profondément maternelle.

    Je suis donc restée toute ma vie sur cet énorme point d'interrogation : pourquoi mon père ne voulait-il pas de moi ?
    La vie a passé sur ce secret jamais révélé...
    Mon est père décédé brutalement d'une crise cardiaque en juin 2007, et je l'ai pleuré beaucoup.
    Au fond de moi je l'aimais profondément ; avec l'âge il avait changé et j'étais sure, avant sa disparition, que de mon côté j'avais fini par gagner sa tendresse.
    Mais en fait, j'ai passé presque toute ma vie à essayer de me faire aimer de cet étrange père qui me rejetait, et je n'ai trouvé vraiment mon identité qu'au travers de cette Vérité qui m'avait toujours été dissimulée, et qui allait m'être révélée il y a 4 ans, donc très tardivement,  puisque j'avais déjà presque 60 ans!

    Après la mort de ma mère puis mon père, je discutais de plus en plus souvent au tel, avec une amie de ma mère qui avait été élevée avec elle depuis leur jeunesse :
    Agée maintenant de 91 ans, jamais mariée, elle avait suivi la vie de ma mère de près et elle avait toujours été là, présente auprès d'elle à chaque événement de sa vie, jusqu'à sa mort prématurée en 1988. (tumeur au cerveau)

    Ma naissance fait partie d'un de ces nombreux événements.
    Un jour au tel, nous en sommes venues à parler de ce jour-là, car elle s'en souvenait particulièrement bien. J'ai ainsi appris une chose que je ne savais absolument pas.
    C'était il y a 4 ans, en 2008 :
    Nous discutions des enfants, et en particulier donc de ma naissance qui, selon les dires de mon amie, était advenue bien trop tôt après ma soeur, 18 mois exactement, cela je le savais mais je savais aussi que ma mère m'avait désirée, ou plutôt acceptée normalement, comme une mère accepte tous ses petits par instinct maternel.
    Quant à mon père, il était toujours resté une énigme pour la petite fille que je fus d'abord. Dans ma petite tête je me disais qu'il ne voulait pas de l'enfant que j'étais, ces choses-là arrivent souvent dans les familles, d'autant plus qu'il y avait déjà eu une naissance avant la mienne.
    D'ailleurs ma mère me racontait, quand j'étais ado, que certaines personnes de l'entourage de mon père lui avaient reproché d'être trop vite enceinte une seconde fois. Que pouvait-elle y faire, la pauvre, elle n'était pas responsable de mon arrivée sur terre, pas plus que mon père d'ailleurs. Mais voilà, j'étais là et j'y suis restée !!
    Etre sur terre fut donc ma première rencontre avec la culpabilité, un sentiment particulièrement destructeur...

    Mon amie parlait donc de ma venue au monde. Le décès récent de mon père en 2007 nous avait elle et moi encore plus rapprochées malgré la différence d'âge, car j'aurais pu être sa fille. N'ayant pas eu d'enfants, elle me considérait un peu comme telle.
    Ma mère avait été sa « soeur de thé » comme elle aimait à le dire, et tout naturellement, j'étais devenue sa « fille de thé ».
    Tout en discutant au bout du fil, je lui dis alors le fond de ma pensée .
    Voici à peu près ce qui s'est dit alors entre elle et moi : LIRE
    Je lui dis :
    _ « Tu sais, Simone, j'aurais tellement aimé savoir pourquoi mon père ne m'aimait pas. Maintenant qu'il est parti je ne le saurai jamais, est-ce que j'étais à ce point malvenue ?
    Alors c'est là qu'elle s'exclame :
    _ « Ah mais ton père t'a désirée autant que ta mère, vous avez tous été des enfants désirés !
    Dès que ta mère s'est trouvée enceinte une seconde fois, il l'a accepté tout de suite, il était même très content d'être à nouveau père, et il entourait ta mère d'autant de prévenance qu'à sa première grossesse ! »
    En entendant ces mots, je n'ai pas compris et je lui dis :
    _ « Tu te trompes, Simone, mon père n'a pas voulu de moi, il était très dur avec moi, même toute petite, je ne me souviens pas du moindre geste tendre de lui, en grandissant j'étais tout le temps punie, jamais il ne m'a prise sur ses genoux, jamais il ne me parlait gentiment, il me disputait souvent, au contraire, il était très sévère!...
    _ « Quoi, me dit-elle, mais ta mère ne te l'a jamais dit ?? »
    _ « Dit quoi Simone, de quoi tu parles ? »
    _ « Mais que ton père voulait absolument un garçon après ta soeur aînée... elle continua :
    D'ailleurs, il ne voulait que des garçons et il a été extrêmement déçu quand il a vu que son deuxième enfant était encore une fille, pour lui ça a été catastrophique, il a même laissé ta mère toute la journée de ta naissance. Il était tellement déçu qu'il est parti pendant des heures sans donner de nouvelles. Quand il est rentré le lendemain, ça a été juste pour aller t'inscrire au registre des naissances de la mairie, ce qu'il a d'ailleurs fait « in extrêmis »...
    Silence au bout du fil, j'étais complètement abasourdie!
    Puis soudain la révélation avec cette terrible Vérité qui s'imposait à moi, et ensuite l'évidence, l'éclatante évidence de cette révélation...
    J'avais donc été désirée par mes deux parents de la même manière, mais je n'avais pas été le petit garçon que mon père avait tant souhaité.
    Tout à coup, tout s'éclairait, c'était d'une telle évidence et je n'avais rien vu, rien soupçonné, parce qu'on ne m'avait rien dit.

    En apprenant la vérité à mon sujet, je savais déjà inconsciemment ces choses, mais mon inconscient se refusait à me les dévoiler et pour cause !
    Comment aurais-je pu imaginer ?
    Pourtant il y avait ce prénom mixte qu'on m'avait choisi (je devais être Gilles ou Dominique),
    plus tard il y a eu cette volonté de mon père à vouloir donner à ses filles un métier « comme les hommes». Nous étions élevées aussi « comme des mecs », à la dure... tout ceci je le savais bien sur, mais jamais je n'aurais pu faire le lien avec l'attitude de mon père.

    J'ai donc brusquement compris, à l'âge de 59 ans, que toute ma vie était construite sur un secret de famille, ce qu'on appelle un « non-dit ».
    Et c'est pire encore qu'un mensonge, je crois que les non-dits sont pire que tout, ils génèrent quelque chose de malsain. Car tout le monde sait et personne ne parle.
    Nombreuses sont les victimes de ces secrets de famille hélas, et la souffrance sourde qu'ils entraînent vous suivent toute votre existence.

    C'est après cette prise de conscience brutale que j'ai pu comprendre bien des choses :
    Mon père n'a jamais accepté que je sois une fille.
    Souvenirs : il m'empêchait de sortir et il faisait la même chose avec ma soeur aînée. Mais j'étais beaucoup plus féminine qu'elle et combien de fois il m'a reproché d'être trop coquette, il m'empêchait de me maquiller même légèrement, il ne m'a jamais acceptée en tant que femme et il a fallu que j'attende la majorité pour commencer à m'assumer vraiment en tant que femme.
    Comment faire alors pour vivre et s'affirmer contre la volonté d'un père qui est censé être l'image de l'Amour et de la Sagesse, ce père qui est censé donner l'exemple ?
    Même quand j'ai compris ma propre histoire, la souffrance est restée, le voile était levé mais trop tard pour revenir en marche arrière. Car il n'y a pas de marche arrière dans une vie, il n'y a que la marche avant, le temps nous entraîne, non pas vers le néant, mais vers la vérité, maintenant j'en suis sure. Je peux mourir demain, j'ai compris et surtout j'ai pardonné, et j'ai pu ce faisant me libérer en écrivant ce livre qui a été une véritable thérapie pour moi.
    Mais il faut du temps et il faut le vouloir pour pardonner, rien n'a été facile, quand le mal est fait on doit vivre avec, et pour se construire c'est très très long.

    J'ai donc du faire un gros travail sur moi-même en devenant adulte, j'ai vu des psy pour m'y aider, mais le vrai problème était ailleurs et je ne le savais pas puisqu'on me l'avait caché durant toute ma vie.
    Et curieusement, c'est à mon père que je dois d'avoir pu écrire ce livre, car il plaçait la littérature et le français par-dessus toute autre discipline.

    « Le destin est curieux qui nous donne un jour une revanche sur l'existence à travers les personnes qui nous ont fait du tort, et parfois comme c'est justement mon cas, grâce à eux...
    Alors merci Papa, car par delà la mort je te dédie ce livre, à toi le premier comme je le dis dans ma préface. »


    L'EDUCATION
    Bien entendu il est d'abord dans ce livre question de ma propre vie puisque c'est une biographie, mais je pense que beaucoup de femmes se retrouveront dans mes écrits, en particulier dans l'éducation qui leur a été donnée dans leur enfance. Certains d'entre vous et particulièrement des femmes qui ont déjà lu mon livre, me l'ont confirmé.
    D'abord l'éducation dans ces années 50/60 était très stricte, et ceux et celles qui ont vécu leur jeunesse dans ces années-là s'en souviennent encore.
    Dès le primaire on nous imposait de la pédagogie pure et dure et il fallait travailler.
    On ne se posait pas la question de savoir si oui ou non on avait le choix : On ne nous le donnait pas.
    L'enseignement avait un but précis : former les enfants, leur donner une éducation solide, et pour l'instituteur il fallait aller chaque année coûte que coûte au bout d'un programme imposé. Les enfants apprenait sans comprendre, on ânonnait les leçons, on devait obéir à l'enseignant.
    Pas ou peu de récompenses, à part les prix de fin d'années scolaires, les bons points de la petite école et les images pour les enfants studieux.
    A l'inverse, la punition était la méthode courante utilisée par les enseignants de l'époque, les punitions corporelles étaient autorisées et l'instituteur était libre d'en user soi-disant pour le bien de l'enfant, châtiments humiliants parfois devant toute une classe, bien souvent pour donner l'exemple. C'était la méthode de nombreux instituteurs de l'époque.
    Pourtant, cette discipline scolaire, bien que très dure, avait du bon car on enseignait aussi ce qu'on appelait alors « la morale », et les valeurs essentielles, les simples règles de savoir-vivre et de respect d'autrui qu'on nous inculquait en était sans aucun doute le côté positif.
    En ce qui concerne mon père, la faute la plus grave était de passer au-dessus de ces valeurs.
    J'ai à ce sujet été témoin d'une expédition punitive menée par mon père qui était alors directeur d'une école de village, j'avais environ 8 ans et je m'en souviens comme si c'était hier :
    Lire p 58/59

    Avec le temps, j'ai compris que les enseignants de cette époque, en particulier dans les villages, avaient une énorme responsabilité vis à vis des élèves mais aussi des parents.
    En plus mon père mettait un point d'honneur à remplir des obligations qui dépassaient le simple travail de pédagogue :
    Lire p 60 à 62

    Côté famille, les enfants devaient obéir aux parents sans réserve, en particulier au père.
    J'ai eu une éducation laïque mais avec les principes d'une bonne chrétienne.
    Ma mère étant croyante, mon père respectait sa religion et nous envoyait au catéchisme. J'ai donc reçu les meilleurs valeurs possibles grâce à eux et je les ai appliquées de mon mieux dans ma vie. Et cela m'a beaucoup aidée à pardonner les erreurs de mon père.
    Car les punitions étaient courantes à la maison et souvent sans rapport avec la faute commise :
    Lire p 85 à 88

    La mère n'avait qu'un rôle secondaire dans l'éducation au moins dans le milieu d'enseignants où je vivais, de plus elle tenait la maison et s'occupait de nous ses enfants, et elle laissait mon père régler les problèmes de discipline à la maison.
    Et il l'appliquait en classe comme à la maison sans distinction.
    Pourtant, ma mère, consciente de la trop grande sévérité de mon père, agissait parfois en catimini « derrière son dos » et sans rien dire, elle allégeait bien souvent les punitions les plus sévères.
    C'était une femme d'une grande douceur, très maternelle et si elle n'avait pas été là, je ne sais pas comment j'aurais surmonté tout cela.
    Elle devait souffrir de nous voir parfois privées de repas, mais elle n'osait aller contre mon père directement, estimant sans doute que c'était à lui que revenait ce rôle !
    Alors elle rusait... Comme je le raconte ds ce passage du livre :
    Lire p 116 à 118

    J'ai une autre cuisante expérience de ces méthodes appliquées par mon père qui était collègue et ami de mon institutrice de l'époque (je devais avoir 8 ans) et je vais vous la raconter :
    Lire p 106 à 109



    LA JALOUSIE de ma soeur aînée
    Nous sommes donc une fratrie de 4 enfants, 3 filles et un garçon quand-même, né en 1958
    Mon père a du accepter d'avoir 3 filles avant l'arrivée tardive d'un garçon !
    Il s'était fait une raison à la troisième, il le fallait bien !
    Mais dès la naissance de mon frère, il a changé d'attitude avec nous, il était moins dur.
    Je n'ai que du bonheur avec mes derniers frère et soeur , mais j'ai beaucoup souffert de la jalousie de ma soeur aînée.
    Elle ne m'a jamais acceptée, pour elle le bébé que j'étais prenait sa place dans le coeur de ma mère.
    Même avec le temps elle m'a toujours jalousée, mais les moments les plus difficiles à vivre furent dans mon enfance, car à cette époque là je ne comprenais pas la raison de cette jalousie.
    A ce sujet je vais vous lire 1 ou 2 passages de mon livre.
    Lire p 28
    Lire p 30 à 34
    Lire p 35/ 36

    J'ai donc très tôt acquis une expérience de l'amour, ici fraternelle, complètement faussée.
    Seule la tendresse naturelle de ma mère et sa bienveillance m'ont vraiment aidée à comprendre que je pouvais être aimée.


    AMOUR ET SEXUALITE
    A ce sujet, ma première expérience amoureuse fut désastreuse :
    Ce fut ma seconde rencontre avec ce terrible sentiment de culpabilité qui m'avait déjà été distillé comme un poison à ma naissance avec le désamour de mon père, car si c'était inconscient dans mon esprit d'enfant, j'étais déjà coupable d'être sur terre :
    Là encore les « non-dits » furent destructeurs et d'ailleurs je ne fus pas la seule ado de l'époque à qui on cachait tout ce qui concernait la sexualité :
    Les filles n'étaient pas informées à ce sujet, il y avait un énorme manque de communication parents-enfants, on ne disait rien à propos de la sexualité, il n'y avait bien entendu pas encore de cours à l'école et nous devions deviner toutes seules ou accepter ce qui nous arrivait avec tous les traumatismes que cela pouvait entraîner :
    Le confinement dans les familles était très présent, nous étions une sorte de clan fermé avec très peu d'ouverture vers l'extérieur, plus nous prenions de l'âge plus mon père avait peur pour nous du monde extérieur, et de tous les dangers qu'il représentait pour les toutes jeunes filles que nous étions, ma soeur et moi. La famille avait une extrême importance avec ses bons et ses mauvais côtés.
    Les bons existaient quand-même, les traditions étaient solides et quand on voit ce que c'est maintenant, c'était sans aucun doute une très bonne chose.
    Mais il y avait aussi les aspects négatifs de ce confinement en famille, et la peur de mon père n'a pas empêché certaines choses d'arriver.
    Nous nous développions physiquement et mentalement, c'est la loi de la Nature, et le fait de ne fréquenter que la famille a eu des conséquences dramatiques pour un de mes cousins proches et moi-même : Nous partions en vacances chaque année avec nos tantes, oncles et cousins et c'est au cours d'un de ces étés de vacances que mon cousin germain (fils de la soeur de mon père) se prit de passion amoureuse pour moi.
    Lire p 159 à 162

    Cette situation dura plusieurs années ; je me sentais responsable de cette attirance qui me semblait pourtant contre Nature. Pour moi tout était clair : je considérais ce cousin comme un frère mais de son côté il l'acceptait très mal ;
    Comment parler de ce problème à mes parents ? Les tabous étaient très forts à l'époque, on ne parlait pas de ces choses surtout en famille !
    Cette situation ambiguë s'est brusquement aggravée un jour qui fut un véritable cauchemar.
    Lire p 164 à 168

    Seule ma famille aurait pu résoudre ce genre de problème par la communication, car j'étais trop jeune pour comprendre ce qui se passait.
    La peur du scandale familial a sans aucun doute fait fuir mon père face à ses responsabilités. Encore ces « non-dits » qui détruisent plus que tout, ce fléau qui depuis toujours régnait au sein de ma famille et dont les enfants étaient de nouveau les victimes !


    LA REVOLUTION DE 1968
    Le travail, puis les événements de la vie ont heureusement été salvateurs.
    Nous étions à la veille de la révolution de mai 68, et je me suis impliquée dans cet événement historique qui fut, pour nous les femmes, tellement important !
    J'avais 19 ans, là encore beaucoup de femmes se retrouveront dans cette période de ma vie.
    Ce fut un passage extrêmement important dans ma vie car elle m'a beaucoup aidée à me reconstruire personnellement :
    Défendre les valeurs féminines était pour moi d'autant plus important que j'avais mal vécu ma propre féminité et que je la vivais toujours aussi mal des années plus tard. J'étais normalienne et j'étudiais pour devenir enseignante et je me sentais concernée de très près par la révolte justifiée des étudiants mais surtout pour ce que cela allait apporter de nouveau aux femmes.
    Ma propre mère avait été de ces femmes douces et soumises à la volonté d'un mari macho, elle n'avait pas pu avoir de métier car elle avait été élevée chez les soeurs où on n'apprenait qu'à devenir bonne maîtresse de maison et bonne épouse, et elle disait que le manque de métier avait été unde ses profonds regrets.
    Pour ces différentes raisons, personnelles bien sur mais aussi inhérentes à ma mère, je m'intéressai énormément à ces conséquences de mai 68 qui donna un énorme coup de pouce à l'évolution féminine.
    Sans être une pure féministe comme beaucoup de mes congénères de l'époque, j'étais passionnée par l'évolution de la condition des femmes, j'admirais profondément Mme Weil notamment, et toutes ces femmes qui se sont battues pour nous offrir les mêmes avantages que les hommes.
    C'est d'ailleurs un débat encore d'actualité, car rien ne changera complètement ces choses ancrées dans l'esprit masculin depuis la nuit des temps!
    Tout cela me donna encore plus l'envie de me battre pour me construire et m'épanouir.
    Le rôle de l'Amour dans ma vie de femme fut déterminant !
    Durant 10 ans, entre l'âge de 20 et 30 ans, je me suis cherchée, j'ai vu des psys, très instable, je faisais un peu n'importe quoi, je me cherchais et j'ai fait à l'époque des erreurs dont une qui m'a coûté très cher. Lire p 171 à 173
    J'ai eu de nombreux fiascos amoureux, peur sans doute inconsciente de reproduire le même schéma qu'avec mon cousin, incapacité d'aimer, du moins je le croyais...
    Jusqu'à la rencontre avec mon mari il y a maintenant 33 ans, c'était en 81 et j'avais 32 ans.


    L'AMOUR ET LA RECONSTRUCTION
    L'amour de mon mari m'a permis de m'accepter enfin dans toute ma féminité.
    Grâce à lui je suis devenue une vraie femme, il a été quelque part le « père » que j'avais toujours souhaité avoir, mais avant tout il a été un mari et un père tendre et affectueux pour ses enfants.
    Un détail révélateur : mon mari et mon père portent le même prénom, même si les caractères sont à l'opposé l'un de l'autre.
    L'inconscient fait des choix pour nous. Et ce sont souvent les bons.
    Je me suis mariée à l'âge de 33 ans, et sans doute n'aurais-je pas pu vivre une vraie vie de couple auparavant ; désormais je me sentais prête à sauter le pas.
    Lire p 176 à 177


    MES ENFANTS
    Ma plus belle revanche sur maVie : mes 3 fils, car elle a donné à mon père ce qu'il n'avait pu avoir lui-même : des petits-garçons !!
    Lire p 194 à 196
    « Le destin est étrange qui fit que je n'aie eu que des garçons, quand mes frères et soeurs ont tous fait chacun deux filles...
    Je l'ai dit déjà, je ne suis pas croyante ni pratiquante, juste avec de bonnes valeurs « chrétiennes », pourtant j'ai envie de dire ceci et j'y crois fermement:
    « Les voies du destin sont impénétrables ».


    LE PARDON
    Il m'a fallu du temps pour pardonner ses erreurs à mon père.
    La révélation récente du secret de famille qu'on m'avait toujours caché m'a permis de pouvoir comprendre d'abord, accepter ensuite, et enfin : écrire mon histoire.
    Pourtant, rien n'aurait été possible si je n'avais pas pardonné à mon père.
    Et je n'ai pu le faire qu'en écrivant ce livre.
    Ecrire a été pour moi la seule véritable thérapie à mon mal-être.

    Un jour j'ai écrit sur un carnet cette petite phrase :
    « Notre passé nous empêche parfois d'être heureux, pardonner à ceux qui nous ont fait du mal n'est pas un signe de faiblesse mais au contraire une preuve de force morale. »
    Cela semble facile et pourtant j'ai mis du temps pour acquérir cette force, d'ailleurs je raconte ceci dans mon livre :
    Lire p 173 à 175


    CONCLUSION
    J'ai pardonné en écrivant, mais je n'ai pu le faire qu'en levant le voile sur ce secret de famille qui m'avait fait tant de mal. Si ma soeur aînée en a souffert elle aussi, alors j'ai une raison de plus d'avoir bien fait d'écrire ce livre. J'ai pardonné « post-mortum » bien sur, mais où qu'il se trouve maintenant, j'ai l'espoir que mon géniteur m'a entendue.
    Mais je veux dire ceci :
    Quelque soit l'enfance que nous ayons eue, il est possible de se reconstruire, et c'est l'Amour des autres qui nous y aide.
    J'ai eu la chance d'avoir une mère affectueuse, puis un mari tendre et prévenant, et enfin des enfants qui m'ont donné plus de bonheur que tout au monde !
    Raconter une vie en un seul livre n'est pas suffisant, il y a tellement de choses à dire !
    Mais si certains d'entre vous se sont reconnus dans ce livre, alors le but est atteint !
    Mes derniers mots seront pour mes enfants que j'aime plus que tout, je vous les livre :
    Lire p 220/221

    (Je signale que j'ai aussi écrit un recueil de poèmes avant d'écrire ce livre,
    quand je n'avais pas encore eu la révélation de ce secret de famille.
    Je vous invite à le lire aussi si vous en avez envie car il est le reflet de ma vie de femme et concerne toutes les femmes.)
    Dominique, 2013-03-15 19:21:51 +01:00
  2. Emma544
    Emma544 Membre
    Intéressant, en tout cas cela me fait penser que ça bien longtemps que je n'ai pas fait de café littéraire il va falloir que je me renseigne sur les prochains dans ma ville.
    Emma544, 2013-04-18 12:29:02 +02:00
  3. Chris
    Chris Membre Nyons
    Merci Dominique pour ce long avant goût de votre livre. Ecrire est une bonne thérapie ; après, on est en paix avec soi-même... et ça permet d' évacuer beaucoup de choses... Bon succès à votre livre.
    Bien cordialement.
    Chris, 2013-04-20 17:55:48 +02:00
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