Petit lexique à l'usage des auteurs de romans policiers

 Café Littéraire   Débuté par Isabelle   2011-07-29 00:00:00 +02:00   Messages 40    Vues: 6373

  1. Olivier
    Olivier Membre
    Bonjour, je me permet de réagir sur les témoignages ci-dessus postés par Novi. Tout d'abord, je tiens à dire que la réforme actuelle de la garde à vue est un non sens pour l'efficacité policière. En France la procédure est particulièrement lourde et encore plus depuis le début des années 2000 avec les lois 'Guigou'. Il a fallu les lois 'Perben' pour les contrer. On fait des lois et des contre lois en permanence. La suspicion va toujours contre le policier alors qu'il est le premier a demander des vidéos embarqués dans les véhicules, des vidéos lors des auditions. Et on peut toujours critiquer mais comparons la police française avec celle de nombreux autres pays européens et nombreux sont ceux qui ne connaissant pas leur bonheur en fait. Les policiers demandent plus de moyens matériels et techniques car eux aussi aspirent à passer par la preuve et non plus par l'aveu. Rares sont les gens qui reconnaissent leurs actes,l'instinct de survie l'emporte toujours. Rare est le truand qui reconnait les faits qu'il a commis. Les policiers demandent aussi une simplification de la procédure pénale car le vice de forme, c'est sympa mais toutes les conditions sont réunies pour qu'il y en ait. On arrive à les limiter ou les supprimer mais il faut travailler à plusieurs car une seule erreur d'inattention peut effondrer une procédure de plusieurs jours.
    Concernant les UMJ, je ne pense pas que cet avocat les a beaucoup pratiqué, sinon il n'ecrirait pas de telles choses. Qu'il n'est pas été appelé ne serait ce pas une erreur de l'enquêteur avant de lui prêter des intentions particulières? Et vous ne parlez pas des temps d'attente pour joindre un procureur. On est pas dans la série PJ où toute l'équipe d'enquête parle avec le magistrat.
    Exemple appel au parquet de Paris alors que j'etais 'jeune' policier dans une affaire d'extorsion.
    - Secrétariat du procureur bonjour.
    - Bonjour madame, je souhaiterai avoir le substitut de permanence pour lui rendre compte de mes investigations.
    - Biensûr, je vous met en attente.
    - Je suis en quelle position?
    - Onze sont devant vous.
    - très bien je patiente

    Environ 40 minutes plus tard (cela vous donne une idée du temps que prends un magistrat pour un décision et aussi le nombre d'appel qu'il aura dans la journée. Je les plains réellement.)

    Le téléphone décroche.

    - Allo?
    - Mes hommages madame la substitut, je vous appelle pour vous rendre compte des résultats de l' enquête. alors il s'agit de blablablabla....
    Au bout de 30 secondes.
    - Vos mis en causes sont mineurs, veuillez rappeler le parquet des mineurs.
    Je m'applatie en excuses et le téléphone se raccroche sous mon nez. Même délai ensuite pour le parquet des mineurs.

    Tout ça pour dire que l'attente de maître Tartampion s'il n'est pas sciemment orchestré ne m'émeut pas une seconde.

    Pour revenir sur les UMJ, je travaillais en 6/1.
    06h30 appel et affectations pour la journée .
    06h45 relève aux UMJ des collègues avec le Gav qui y sont depuis 3 heure du matin.
    13h00 relève de la brigade suivante et nous n'avons toujours pas vu le médecin.

    Les médecins de l'hôtel Dieu à mon époque n'aimaient visiblement pas les policiers et les temps d attentes étaient monstrueux. Je ne parle même pas des Itt délivrées à des mis en causes ou des policiers blessés. Je me souviens d'un collègue , le nez cassé par un coup,de tête et le médecin lui avait donné un jour.

    Je reviendrai sur un point aussi mais il y a la loi, les règlements et la morale. Il m'arrive de faire des choix même quelques fois au dépend de la loi mais pour des solutions morales plus acceptables. La loi mécanisée dans son application est inhumaine et insupportable. Les juges n'ont ils pas le choix des peines (de zéro a tant). Il y a des choses qui heurtents et nallez pas croire que le policier ne s'interroge pas sur son metier en permanence. Le dernier Exemple est le fichage systematique IJ et génétique pour de petits délits. Si je me place du coté des avocats, j'aimerai que quelques fois, ils réagissent aussi au nom de la morale. Le rôle de l'avocat est de veiller à défendre les droits de son client mais pas de l'innocenter coûte que coûte. La nuance est là selon moi. J'ai un avocat dans ma famille et il semble que l'on ne soit pas d'accord.

    Désolé si j'ai été un peu long et un peu anarchique dans mon intervention.

    Cordialement.
    Olivier, 2011-08-13 09:37:34 +02:00
  2. novi
    novi Membre
    '''Les médecins de l'hôtel Dieu à mon époque n'aimaient visiblement pas les policiers et les temps d attentes étaient monstrueux. Je ne parle même pas des Itt délivrées à des mis en causes ou des policiers blessés. Je me souviens d'un collègue , le nez cassé par un coup,de tête et le médecin lui avait donné un jour.'''

    Hum, il semble ne pas me souvenir avoir bénéficié du moindre certificat médical lors de ma première fracture nasale ( suivie de tant d'autres d'ailleurs ) : le prof de boxe ayant estimé la chose tout à fait bénigne ( en sachant qu'il est récent qu'on plâtre des nez pour des raisons avant tout esthétiques). Par contre, il me souvient avoir été déféré avec trois cotes fêlées, les yeux fermés, et une fracture d'une incisive sans que cela ait ému particulièrement le juge d'instruction de l'époque( mon costard déchiré avait interloqué' mon avocat, et oui la mesquinerie poularde est parfois étrange, s'en prendre à un costard, le déchirer avec rage) tout en ayant jamais rencontré le moindre médecin, sans doute à cause de délais de GAV falsifiés - merci, nos grands humanistes de la police, les mêmes qui rentrent le soir dans leur lotissement à deux balles et racontent à leurs enfants qu'ils représentent le bien contre les méchants, bien sûr...

    Autre époque datant sans nul doute d'effectifs ayant gardé les bonnes habitudes du conflit Algérien : pas sûr, si je considère les récits ci et là ( les jeunes ne haïssent pas la police pour rien, non ?) et si je lis le récit de l'arrestation de Redouane Faïd, si étonné de ces hargnes de petits fonctionnaires frustrés qui se vengent mesquinement ( on le ballade à poil devant les bureaux féminins). Je n'en suis pas étonné, on me l'a joué souvent ( sont très excités par la vision des organes génitaux des gardés à vue dans la police, allez savoir, beaucoup d'homosexuels peut-être ; bon au commissariat de Nantes, on joue bien à la roulette russe complétement bourrés et on s'excuse même pas d'avoir buté un jeune collègue).

    Certes, certes, je m'entraine aujourd'hui avec un très jeune retraité ex-commandant de BAC qui me jure toujours que lorsqu'il prit le commandement : il fit cesser immédiatement ces méthodes, n'hésitant pas à muter les fanatiques, et il faut reconnaitre qu'il a bonne réputation chez ses anciens clients qui s'entrainent parfois à côté.

    Alors, Une GAV sous surveillance de vidéo et présence d'un avocat :oui, mille fois oui, pour éviter tant de ces bavures, tant de pauvres gens à qui on faisait le chantage d'incarcérer l'épouse et de coller les enfants à la DASS ( un grand classique de l'argumentaire policier), et c'est pour ceux-là que je dis oui, pas pour nous autres, les délinquants désignés, les nomades, qui sommes rodés à ces mauvais traitements, en sortons plus forts, plus haineux encore.

    Alors dans d'autres pays, c'est plus dur, me dites vous ?

    Oui, la crapule policière y est un grand classique, comme au Mexique, où l'adage dit qu'il vaut mieux être arrêté par un barrage de narcotrafiquants que la police : c'est moins risqué ( testé et approuvé par Novi). Dans tous ces endroits du monde, la haine du flic est si forte ( demandez à un Russe la traduction du terme désignant un flic ;-))) qu'on hésite pas à les tirer sans sommation ( au Mexique, souvent au lance grenade) parce qu'on sait les sévices à attendre d'une arrestation.
    Heureusement en France, nous n'en sommes pas encore là, parce qu'il y a justement des flics qui ont une haute opinion de leur métier, l'exerce dans la dignité ( et ceux là comme par hasard, acceptent les nouvelles règles de GAV - pour eux tout d'abord , elles les protègent aussi), et dans le camp d'en face, si l'on est surarmé : c'est juste pour s'éviter d'avoir à tirer inutilement et de se faire tirer dessus bêtement dans le dos ( très coutumier de la gendarmerie, avec des éléments se croyant autorisé à flinguer par trois sauts en parachute ( très bon pour la retraite, ça madame, le brevet pépère) et quelques missions très confortables en Afrique - seraient plus humbles devant des talibans ou des commandos Zetas mexicains.

    Il est clair et point besoin d'être un grand visionnaire pour prédire que l'époque se barre en couille, que le sous emploi massif ne peut que participer à étoffer les rangs d'une délinquance explosive, que les révoltes actuelles anglaises et de nos banlieues ne sont que des prémices encore brouillons et peu organisés de guerres civiles d'un nouveau type ( en pleine expérimentation au Mexique), et que des mesures visant à légitimer le travail des policiers au lieu de les placer en opposition guerrière aux tranches de populations en transes, ne peuvent qu'être bénéfiques à tout point de vue.
    novi, 2011-08-13 15:13:43 +02:00
  3. Olivier
    Olivier Membre
    Je comprends que mon message avait un ton polémique et en fait ce n'était pas mon propos mais le témoignage de l'avocat reste un témoignage et pour cela il a toutes ses limites. C'était pour dire que la généralité de s'applique pas et je ne vais pas ici réitérer le couplet du travail 'formidable' et de 'l'humanité' dont font preuves mes collègues quotidiennement en travaillant dans des conditions 'exécrables'.
    Moi aussi j'ai des tonnes d'anecdotes et qui ne sont pas moins valables et moi aussi j'ai vu des dérives de collègues, et moi aussi j'en ai même subi. Et alors, qu'est-ce face la minorité de ces cas. Je sais que l'on doit être irréprochables compte tenues des pouvoirs de coercition qui nous sont octroyés mais même là, on pourrait en discuter (des pouvoirs). Si les flics ne sont pas aimés des jeunes, il faut voir que la première raison est que ces flics représentent l'autorité et cela un psy l'expliquerait facilement avec les loupés de la construction psychologique d'une grande part de notre jeunesse dans les années décisives de la petite enfance avec une éducation défaillante. Effectivement le policier rappelle en permanence les règles et limite la liberté selon la loi. Ensuite, je suis d'accord pour dire que notre société est injuste, que les lois sont trop restrictives et que la France est devenue un pays où les libertés fondamentales sont bafouées.
    Je sais que dix ans de ce métier m'ont usé et que j'aspire souvent à faire autre chose. Par contre, j'ai décidé de ne jamais me blazer et d'aller toujours à la rencontre de l'autre, le délinquant y compris. J'ai souvent passé de longs moments à discuter avec des Gav en cellule ou pendant une pause clop et pas pour lui soutirer des infos hors audition. Après on peut tous être des petits flics à deux balles qui vivent dans des maisons médiocres et qui ont une pauvre vie. Il y a pourtant un bien et un mal en ce monde. Le bien n'est pas toujours du côté de la loi je vous l'accorde.
    Enfin, je vous rejoins sur le fait qu'il existe une réelle poudrière et qu'un jour tout cela va péter car il y a un sentiment général d'injustice et pas seulement dans les banlieues. Les révolutions arabes ont montré que dans certains pays les forces de l'ordre avaient un besoin de liberté et de ne pas asservir son peuple mais de le servir. Ce n'est pas le cas de certains autres.
    Enfin, pour ce qui concerne les fracture du nez, cela fait peut être classe d'avoir le nez cassé mais être boxeur est un choix et implique de prendre des coups et d'en donner. Etre Policier n'implique pas intrinsèquement de prendre des coups, d'être insulté ou de donner des coups. Cela doit rester un risque et donc être l'exception.

    Ceci dit faute à moi de ne pas avoir le courage de laisser tomber ce métier qui ne me convient plus comme avant. Il y a des réalité matérielles que je ne peux ignorer au regard de la responsabilité que j'ai envers ma famille. Pour le reste, écrire me soulage et m'apaise.
    Olivier, 2011-08-13 16:16:52 +02:00
  4. Isabelle
    Isabelle Membre Ile de France
    Bonjour à tous !
    Eh bien, ce petit lexique est en train de tourner à la polémique, on dirait !!
    Olivier, Novi, merci pour vos interventions car, malgré le ton un peu virulent qu'elles prennent (et c'est normal, chacun défend son point de vue avec des arguments justifiés), elles apportent elles aussi à ce post, dans ce sens où les (futurs) auteurs de polars auront des exemples de ce qui se passe vraiment dans les commissariats, en bien ou en mal, d'un côté et de l'autre de la barrière.
    Pour résumer les échanges ci-dessus, je dirai qu'il y a du bon et du mauvais des deux côtés, qu'il y a des abus des deux côtés et que si tout le monde continue à penser 'c'est l'autre qui a commencé, je ne ferai pas le premier pas', on ne va jamais y arriver.
    Ce que vous décrivez l'un l'autre, Novi et Olivier, varie certainement selon les endroits.
    Je rappellerai pour mémoire que les policiers sont assujettis à un code de déontologie qui, pour discutable qu'il soit, ne met pas moins à plat des principes tellement évident que j'avais répondu à un formateur, quand j'étais élève gardien : avec le code pénal et un peu de bon sens, on ne devrait pas avoir besoin de code de déontologie.
    Bien sûr, le fonctionnaire de police est un être humain, alors, quand après quelques échauffourés avec des voyous, un ou plusieurs collègues sont blessés, plus ou moins gravement, il faut s'attendre à ce que le policier ait envie d'en découdre... parfois jusque dans les cellules de GAV.
    Le voyou est humain lui aussi, et quand l'un de ses copains, voyou ou pas, trouve la mort ou est gravement blessé lors d'une 'rencontre' avec la police, je comprends aussi qu'on puisse en vouloir aux représentants de l'ordre.
    Malheureusement, pour nous autre policiers, le fait que nous portions un uniforme arborant des insignes bleu-blanc-rouge nous interdit de facto de nous comporter en être humain. C'est pourquoi ce métier est tellement dur par moment, et qu'on en arrive à des dérives que le législateur a cru bon d'encadrer. Le problème, c'est que l'arsenal législatif dont on se dote ainsi, même s'il atteint en partie son but, entrave de beaucoup l'action de la police.
    Pour en revenir à la présence des avocats lors des auditions, personnellement, ils peuvent assister à toutes mes auditions, je n'ai rien à me reprocher. Par contre, si ma procédure se trouve fichu en l'air parce qu'il a fallu que j'attende une heure que l'avocat se pointe et qu'à cause de cela j'ai perdu un temps précieux, je vais l'avoir mauvaise ! J'estime que mon travail consiste à apporter à la justice les éléments dont elle a besoin pour statuer sur le sort d'une personne mis en cause dans une affaire. Je fais donc mon travail en respectant la procédure, en mon âme et conscience, et j'attends de la justice qu'elle fasse le sien.
    Pour conclure, je reproche trois choses à la réforme de la garde à vue :
    - d'avoir été faite, non pas pour les droits des GAV, mais pour que les avocats touchent plus de sous (eh oui, ne soyez pas naïfs !)
    - d'avoir été mise en place à la va-vite (ainsi que je le disais précédemment) et donc d'avoir fichu un bazar monstre dans les services)
    - d'être rétroactive : toutes les auditions faites sans la présence de l'avocat, et pourtant antérieures à la loi, sont cassées, dans un délai de 6 mois avant la loi, je crois, quelque chose comme ça. Et le principe de non-rétroactivité de la loi pénale, dans tout ça ?????
    Sur ce, je stoppe la polémique, et je tacherai de faire le post sur l'organisation d'un commissariat prochainement.
    Bon week end à tous !
    Isabelle, 2011-08-13 17:21:53 +02:00
  5. novi
    novi Membre
    Bah, une discussion très polémique est toujours plus passionnante que des échanges feutrés tournant vite à la langue de bois, et il est logique que des points de vues contradictoires puissent s'affronter violemment lorsqu'on évoque des choses violentes : le tout résidant dans la capacité à argumenter en sachant garder son sang froid - une qualité dont, de par nos vécus respectifs de part et d'autre, nous sommes censés être investi ( ça m'est arrivé ce genre de discussion en beaucoup plus tendu en live, au cours de soirées, et cela n'a jamais fini en pugilat, comme quoi savions se tenir ;-)).

    Sur la GAV nouvelle donne, si j'étais policier : je serais le premier à la plébisciter, même en devant subir les errances d'une procédure en rodage, car elle est garante de l'honneur du policier en validant haut et fort que les droits du mis en examen ont été respecté à la lettre, permettra de redonner foi dans la parole du policier ( s'il est accusé à tort de bavure ou est agressé par le suspect - ça fonctionne dans les deux sens, surtout la vidéo, à condition de n'être pas débranchée au bon moment ;-)).
    Personnellement, ce que j'ai toujours déploré : c'est l'esprit de corps mal placé, lorsque sont couverts des collègues agissant dans l
    novi, 2011-08-13 19:51:08 +02:00
  6. Olivier
    Olivier Membre
    Il est très tard alors je ne répondrais dans un premier temps que sur la dernière partie de votre intervention. Je ne pense pas que l'on soit payés pour prendre des coups et je ne pense pas non plus que nous soyons si bien payés au regard des responsabilités que nous avons. La comparaison avec le videur, je la comprend dans qui peut le plus peut le moins.
    Je ne pense pas etre lâche, au contraire et je me suis mis en danger plusieurs fois. Pourtant tout dans le système est fait pour que nous hésitions à utiliser la coercition et l'arme. Je ne suis pas bagarreur loin de la mais quand il faut y aller, on doit le faire et je dois avouer que souvent les conséquences disciplinaires ou pénales nous effleurent avant l'intervention. A chaque fois que l'on met quelqu'un par terre on devrait prévoir le coussin pour le réceptionner. S'il se casse le crâne, la responsabilité du fonctionnaire sera engagée. Pourtant, vous devez le savoir, si l'on se bat, il y a plein de paramètres que l'on ne peut entièrement maitriser. Et cela devient encore plus grave quand on manque de moyen, ce manque de moyen m'a valu une tri thérapie en mai. Si l'on devait appliquer les notes de services, il serait impossible de poursuivre un vehicule, prendre en charge pardon. Même le vocabulaire me donne la nausée.
    Et pour répondre à Isabelle, la réponse de dire tous le monde à raison n' a d'intérêt que de permettre la discussion en apaisant les esprits mais c'est aussi une concession qui peut avoir un revers de médaille.
    Biensûr que dans l'absolue la reforme de la Gav est une avancée pour les droits de l'homme. Mais n attendez pas ce que l'on fasse mieux et plus avec autant de moyens et d'hommes et plus de contraintes. Enfin pour répondre que lorsqu'on est policier, on a pas le droit d'être des hommes, j'ai vu parfois des gens très en accord avec la loi et les instructions mais dénués de toute humanité. Alors oui malgré ma lassitude, je suis fier de ce métier et j'en ai une haute opinion malgré tous les conflits que cela peut engendrer dans des discussions ou même intérieurement. Car je reviens dessus mais il y a un bien et un mal qui doit prévaloir au delà de la loi et qui fait que l'on reste un homme malgré tout, quelque soit le bord où l'on se trouve.
    Olivier, 2011-08-14 01:03:29 +02:00
  7. novi
    novi Membre
    ''Si l'on devait appliquer les notes de services, il serait impossible de poursuivre un vehicule, prendre en charge pardon. Même le vocabulaire me donne la nausée.'''

    C'est souvent assez sage, non, lorsqu'on décrète qu'une poursuite en pleine circulation ne vaut pas la peine si l'on considère le faible bénéfice de peut-être rattraper, eu égard aux risques encourus pour la population autour, des individus dont on ne sait rien par avance et qui seront -tout aussi peut-être - arrêtés quelques semaines plus tard de façon plus tranquille.
    Finalement, les responsables de ce genre de notes de service ont peut-être les mêmes prérogatives que les truands de haut niveau : s'éviter des cowboys, des gens incapables de calculer une action de façon raisonnable, non ?
    Regardons cette mauvaise réputation des BAC, n'est-elle pas due à cette précipitation de la course aux résultats qui a fait privilégier l'esprit cowboy de trop souvent très jeunes recrues se croyant expérimentés de par la grâce de quelques heures de cours de conduite ( et qui fait que tant de leurs véhicules finissent régulièrement dans le bas côté, n'est-ce pas ;-))
    Remarquons avec l'humour qui convient, que les BAC ont au moins l'avantage d'amuser nos jeunes de par le spectacle donné de les voir parader dans les centres villes avec cet air sombre du cowboy sous ses lunettes de soleil très noires, le bras accoudé à la portière de la Mondeo toute cabossée, roulant inlassablement au ralenti ( pour être sûr d'être repérés de la gent féminine, probable, ce qui fit dire à une amie argentine qui marchait à mes côtés que celui lui rappelait de tristes souvenir de chez elle ;-)).

    Moreas, l'ex divisionnaire auteur de polar qui tient un blog sage de ses propos d
    novi, 2011-08-14 10:08:22 +02:00
  8. novi
    novi Membre
    '''Car je reviens dessus mais il y a un bien et un mal qui doit prévaloir au delà de la loi et qui fait que l'on reste un homme malgré tout, quelque soit le bord où l'on se trouve.
    '''

    Intéressant, et de nature à me titiller en tant qu'auteur, écrire étant avant tout réfléchir sur ce qui met en scène des personnages dans un théâtre constitué ;-)))

    Je m'interroge donc...

    Comment se prévaloir du bien que ce soit dans la loi ou au delà de la loi ( réflexion déjà très réfléchie par exemple dans la philosophie des Vory V Zakonié, l'historique mafia russe, avec sa traduction littérale de ''voleurs dans la loi' ;-)) lorsqu'on est policier : c'est à dire sous les ordres directs non point du citoyen qu'on est censé défendre, mais sous ceux d'un gouvernement, pouvoir sous les ordres des banques et des riches.
    Cela peut fonctionner ( dans la tête du policier donc), tant qu'il s'agit de stopper des malades, des violeurs, des tueurs pathologiques, bref des déments, d'où toute cette littérature dénommée thriller nous accablant de leurs histoires abracadabrantesques de serial killers à profusion comme le mal absolu ( record absolu détenu par un certain Thilliez qui en est rendu à inventer des pseudos thèses évoquant un gène du mal chez les gauchers hahahahahah, qu'ils sont drôles ces auteurs de thriller ), mais devrait se gâter lorsqu'on est devant une délinquance revendicatrice tel celle des Vory V Zakonié ( précurseur de la révolution russe ne l'oublions pas, qu'un peuple est incapable de se révolter seul), ou plus simplement des prémices des futurs soulèvements comme à Londres...que pensent donc tous ces policiers Londoniens chargés d
    novi, 2011-08-14 11:20:44 +02:00
  9. Annie
    Annie Membre
    Voilà un fil très intéressant et vivant. Merci de rester dans les clous Tant que vos échanges restent inoffensifs pour chacun d'entre vous, ils font avancer le schmilblic. Si quelqu'un peut vous les opposer un jour pour vous atteindre, ce serait dommage.
    Annie, 2011-08-14 11:21:40 +02:00
  10. Isabelle
    Isabelle Membre Ile de France
    Bonjour à tous !
    @Novi : pour rebondir sur le sujet des BAC, j'apporterai une précision : en THEORIE (j'insiste) ne peuvent prétendre aller à la BAC que des GPX (ou plus) TITULAIRES (donc en poste depuis au moins un an), et expérimentés de préférence. Il est évident que dans certains secteurs, ces critères sont difficiles à appliquer, et en Seine Saint Denis, par exemple (où je suis en poste !!) après six mois de terrain, un gardien est considéré comme expérimenté (ce qui n'est pas faux : on en voit de toutes les couleurs en très peu de temps).
    Après, c'est vrai que les effectifs en BAC ont souvent ce côté cowboys ou chien fou, et certains sont carrément arrogants avec leurs propres collègues. Cependant, je citerai un ancien chef de BAC qui disait (en gros) : les bacmen 'levis rayban', je n'en veux pas avec moi sur le terrain. Comprenez par là : le jean levis, les lunettes rayban, et vas-y que je roule des mécaniques, que je me sens investi d'un pouvoir presque de droit divin, et que je me permets de traiter les mecs contrôlés comme de la sous-merde... Et après je m'étonne que des situations partent en live. Ben, non, hein, les jeunes des cités (pour ne donner que cette exemple) sont des êtres humains, et quand ils ont le sentiment (parfois justifié) de subir des brimades injustifiées, ils ont tendance à 'pêter un câble'. La violence engendre la violence.
    Personnellement, j'ai vu des bacmen de ce style, provoquants et arrogants, mais j'ai vu aussi des collègues droits dans leurs bottes (à la BAC, oui), qui font leur boulot en respectant les uns et les autres.
    @ tous : vous le remarquerez, ce sont souvent des minorités qui pourrissent la vie. Et quand je parle de minorités, je ne parle pas 'ethnie', je parle de groupes d'individus unis par la même envie de 'foutre la merde'. Sur les 600 habitants d'une cité, il y en a quoi, une trentaine, peut-être un peu plus, disons entre 5 et 10% qui fichent le bazard, et tout le monde trinque.
    Dans un commissariat, sur une centaine d'effectifs, il y en aura peut-être une dizaine qui font se comporter comme des cowboys, se prendre pour des justiciers démasqués, et ils vont suffir à torpiller la réputation de la police.

    L'organisation d'un commissariat :
    En gros, il y a les effectifs qui sont sur le terrain, et ceux qui s'occupent de la procédure.
    Effectifs de terrain :
    Les brigades de roulement travaillent en uniforme, et sont là pour répondre aux appels Police Secours, intervenir sur des accidents de la circulation, et d'une manière générale, sur tout ce qui peut avoir une répercussion sur la voie publique, c'est-à-dire, la rue, quoi.
    Après, chaque commissariat, en fonction des directives départementales ou locales, a des brigades plus ou moins spécialisé dans tel ou tel domaine. Ainsi, il peut exister une brigade qui interviendra spécifiquement sur les accidents, par exemple.
    Les Brigades Anti-Criminalité : on en a longuement débattu plus haut, mais pour faire court, ce sont des effectifs qui travaillent en civile, normalement dans des voitures banalisées, et dont la mission principale consiste à traquer les auteurs d'infractions en cours. Si par exemple on nous signale une action en cours (cambriolage, roulottiers...), c'est la BAC qu'on va envoyer en priorité.
    A côté de cela, il existe, selon les services, d'autres groupes, en civile ou en uniforme, qui ont des attributions plus spécifiques, ou adaptés à leur secteur d'activité. Je prendrai l'exemple d'un commissariat du 77, située dans une zone très touristique, qui a mis en place des brigades spécifiques pour gérer tous les problèmes engendrés par les zones à forte densité touristiques.
    Les procéduriers.
    Là aussi, les organisations divergent parfois beaucoup selon les services, mais en gros :
    - Il y a toujours un service de plaintes, qui travaille en tenue, et dont la mission principale est de recueillir plaintes et main courante. En fonction des services, le 'pôle plainte' peut également avoir pour mission d'enquêter ensuite sur les faits quans ils sont simples et/ou courant : une dégradation de véhicule, un vol de téléphone portable...
    - Un service d'investigations proprement dit. Là, c'est plus compliqué, mais souvent, ils enquêtent sur des faits un peu plus graves, ou sur des dossiers qui viennent d'ailleurs. Après, là encore, le découpage de ce service dépend de beaucoup d'une organisation interne, qui s'adapte à la délinquence du secteur. Ces effectifs travaillent en civil. C'est à ce service que j'appartiens. Je suis dans un groupe qui s'appelle 'Unité de Police Administrative' et mes dossiers traitent pour beaucoup d'usurpation d'identité, d'escroquerie à petite échelle, d'infractions au code du travail, au code des impôts, au code de la santé publique, de l'urbanisme... La police intervient sur ces derniers dossiers quand, après la procédure dite 'civile' (par opposition à 'pénal'), il est mis en évidence des infractions pénales. C'est difficile à comprendre, mais en gros, le travail au noir est une infraction à la fois au code du travail et au code pénal, d'où une 'double enquête'. C'est aussi mon groupe qui s'occupe des demandes de naturalisation, des permis de visite de détenus, des recours en grâce...
    - Enfin, il existe un service d'enquête spécialisé dans le routier, le nom le plus courant est 'Brigade des Accidents et des Délits Routiers' ou BADR. Sa compétence va de l'accident de la circulation à la conduite sans permis, en passant par toutes les infractions au code de la route susceptibles de constituer un délit, ou demandant un complément d'enquête. Par exemple : vous vous faites flasher à 160km/h au lieu de 110, vous irez sans doute faire un petit tour au commissariat pour vous expliquer sur les faits, car un excès de vitesse de plus de 40 km/h sort du cadre de l'amende forfaitaire : c'est à dire que le législateur considère qu'un tel excès de vitesse doit faire l'objet d'une sanction plus 'individualisée' (l'amende forfaitaire, c'est une case cochée sur un carnet de contravention, et que vous ayez dépassé de 2 km/h ou 20, l'amende est au même prix).
    Aux auteurs de polars :Ayez toujours à l'esprit que plus les faits sont graves, plus le service qui va enquêter doit être spécialisé, en quelque sorte. C'est ainsi qu'un homicide sera plus sûrement à la charge d'un service d'enquête départementale, plutôt que du service d'investigation local.
    Pour plus de détails, je vous invite tous à regarder les émissions sur la police et sur la justice qui sont diffusées sur des chaînes comme W9 ou TMC, par exemple : en général, ils sont bien faits.

    La prochaine fois : je vais casser le mythe des 'experts', lol
    Bonne journée à tous !
    Isabelle, 2011-08-14 12:56:52 +02:00
  11. novi
    novi Membre
    Oui, je vois, Isabelle, que nous sommes bien d'accord sur les BAC et leurs dérives ( il faudrait à ce point revenir sur les contextes politiques de leurs créations, débat qui séparent -il semble à priori- la droite et la gauche française). D'ailleurs, c'est amusant puisque je suis contredis dans mes accusations par le Bacman que je fréquente le plus : un géant de 100 kg de muscles secs, mais dont émane une telle douceur et gentillesse, qu'il a toujours calmé les tensions inévitables dans une salle de muscu fréquentée par tous ce qui fait que les braves gens appellent les bas fonds d'une ville, où quand deux maghrébins ou Tchéchénes chuchotent dans leurs langues ( on doit rassembler une quantité de nationalités d'origines invraisemblables ; un vrai laboratoire de langue ;-)), il y a forcément un Beninois pour croire qu'on se fout de lui ( et je parle pas des périodes de Ramadan ou les nerfs sont à vifs), etc, etc,. L
    novi, 2011-08-14 13:18:20 +02:00
  12. Olivier
    Olivier Membre
    Merci pour ce rappel Annie mais je crois que personne ne pourra m'opposer ce que j'ai dit car c'est une réalité et que mon seul but est de sensibiliser le maximum de monde entre la réalité et l'image fantasmée de la police qui amène souvent des incompréhensions jusque dans le quotidien de mon métier. Je ne pense pas avoir cependant débordé sur mon devoir de réserve. Mais il est raisonnable d'en rester là sur la place publique. J'ai eu le loisir de m'exprimer et pour cela je vous remercie. Merci Novi pour ce débat, initié grâce à Isabelle. Je retourne à l'écriture.
    Olivier, 2011-08-14 15:26:39 +02:00
  13. Isabelle
    Isabelle Membre Ile de France
    Bonjour à tous !
    Enfin, je prends quelques minutes pour rédiger ce petit article sur les bases techniques. Oh, cela sera très succinct, je compte en fait sur mon collègue de la PTS pour complêter dans la limite du devoir de réserve.
    En fait, je mettrais juste quelques mots destiner à casser le mythe des experts.
    Déjà, désolée pour le glamour, mais les EXPERTS US (les trois !!!), vous pouvez oublier !!!!
    Non, mais, faut pas rêver aussi ! Vous les voyez, avec leurs méga bases de donner où ils ont absolument tout de référencé, les coquillages, les insectes, les pneus de voiture,d e camions, de vélo, les peintures, etc. ? Quand même !
    Et les empreintes qu'ils relèvent ? A de rares exceptions près, elles sont parfaites ! Nickel ! Même pas baveuses... Et puis, euh, en France, on a fait de gros progres en matière de scan d'empreintes, mais les ordis ne sont pas capables de vous sortir une fiche en cinq minutes comme à la TV (d'ailleurs, j'ai de gros doutes quant à la réalité de la chose même aux USA).
    Déjà, le fichier est dans la banlieue de Lyon, et uniquement là... Enfin, je crois qu'il existe ce qu'on appelle des laboratoires centraux (il doit y en avoir trois, peut-etre 4 en France) et ils ont peut-être un accès direct au fichier des empreintes, mais ça je ne sais pas, j'en doute.
    Bref, la base technique locale dans son petit commissariat, quand il veut identifier des empreintes, il les envoie au fichier à Ecully, il me semble que ça se fait par mail maintenant, enfin en transmission numérique en tout cas. Et ensuite, Ecully répond en disant si les empreintes sont connues et si oui avec quel nom, et s'il y a plusieurs identités.
    A ce propos, sachez qu'on se modernise et qu'on est passé au scanner pour les empreintes... Bon, non, pas partout, ce n'est pas très fréquent, d'ailleurs, mais ça commence. A la PAF (police aux frontieres), il me semble qu'ils ont des bases pour scanner directement les empreintes, sans plus passer par l'encre et la feuille. C'est ce qu'on appelle la T1, si je ne m'abuse. On trouve aussi la T4 : cela permet de scanner tout de sutie les empreintes prises sur papier et de vérifier qu'elles satisfont aux critères de netteté, avant de les envoyer sous forma numérique au fichier à Ecully.
    Bref, pour identifier une empreinte, l'ordi fait un tri global, mais ensuite, c'est à l'oeil humain de faire les comparaisons fiche par fiche.
    Une chose importante : il y a plusieurs niveaux 'd'experts' en france, et je ne parle pas des concours (agent spécialisé de la PTS, agent technique, et ingénieur), je parle de la base technique locale, du SLPT (euh, oups ! je ne sais plus ce que signifie le sigle...), et je crois qu'il y a encore un ou deux niveaux au dessus. Dans le premier, vous trouverez des policiers de l'active (gardien de la paix, gradé ou ADS) qui ont fait un stage pour être formé aux différentes opérations qu'ils font. De mémoire, je n'ai jamais vu d'agent de PTS purs (donc qui ont passé cette branche de concours bien spécifique) dans les bases techniques locales (dans les ciats). Les bases technique locale, qu'on appelle aussi l'identité judiciaire, va faire les relevés d'empreintes dans les cas de cambriolage, de vol roulotte, ou autres infractions 'simples' avec un préjudice modéré ou faible. Ils sont aussi amené à faire des photos, qu'ils constituent en albums, sur leurs différentes constatations. Ce sont eux aussi qui se chargent de signaliser les GAV (prise d'empreinte, de photos, d'ADN souvent maintenant, renseignement du fichier). Ils sont amenés à faires des constates aussi sur des découvertes en matière de cache de stup ou d'arme, par ex.
    Le SLPT, lui, va intervenir sur ce même genre de découverte ou de constates, mais en général pour des préjudices plus importants, des faits plus graves, et aussi et surtout s'il doit y avoir des prélèvements ADN (la base technique locale n'a pas le droit de le faire, il me semble).
    Dans un SLPT (Service local de Police Technique, je crois), on trouve là encore des policiers de l'active ET des agents spécialisés (y a-t-il des agents techniques ? Je ne sais pas).
    Sachez une chose importante : contrairement à ce dont on peut avoir l'impression dans les séries TV (et RIS a véhiculé la même idiotie) : les agents de la PTS, même de l'active, ne font pas les enquêtes ! Et quelle que soit leur qualification judiciaire, ils sont cantonnés au rapport, alors les auditions de mis en cause, vous oubliez.
    Par contre, dans RIS justement, les espèces de combinaisons de protection qu'ils utilisent sont authentiques, que je sache. Mais ce n'est pas utilisé n'importe où (déjà pour les bases techniques locales, vous oubliez !). Sans doute sur des scènes de crime, au sens propre du terme, où il est nécessaire de veiller à ne pas polluer la scène de crime par des apports malvenus de l'extérieur.
    Sachez aussi qu'un policier a le devoir de veiller à la conservation des traces et indices et qu'une faute de sa part sur ce point peut lui valoir des sanctions internes, mais aussi pénales.
    C'est à peu près tout ce que je peux vous dire, le reste de mes connaissances sur le sujet relevant quand même du devoir de réserve.
    Je compte sur Charette1796 pour complèter, préciser, voire rectifier les infos, mais vous pouvez aussi trouver quelques vidéos ou documentations intéressantes sur le site de la PP. Si j'ai le temps, je vous mettrais les liens.
    bonne soirée à tous !
    Isabelle, 2011-08-26 19:47:46 +02:00
  14. Isabelle
    Isabelle Membre Ile de France
    Bonjour à tous !
    En relisant rapidement mes interventions, je m'aperçois que j'ai négligé un aspect du travail d'enquête qui est pourtant intéressant : l'audition.
    Novi avait posté un extrait qui en parlait très bien (et qu'il a supprimé après une fausse manip'), mais je vais essayer d'expliquer, en deux mots trois lignes, ce qu'est une audition.
    Tout d'abord, ainsi que vous avez pu le comprendre en filigrane dans les autres posts, on peut entendre (auditionné) une personne qui comparaît libre ou qui se trouve en garde à vue.
    Ensuite, la 'salle d'interrogatoire' avec la glace sans tain et les micros+caméras qui enregistrent, vous oubliez : ça n'existe pas en France !
    Non, l'audition se fait dans le bureau du fonctionnaire, le mis en cause est assis sur une chaise soit sur le côté du bureau soit en face (en fonction de l'aménagement du bureau, eh !) et le fonctionnaire est assis à son poste de travail, en face de son clavier, et tape gentiment ses questions et les réponses de la personne. Bien sûr, rien n'interdit que le fonctionnaire commence son audition en 'off', càd qu'il discute avec le MEC, lui pose des questions sur la procédure en cours, pour commencer à tâter le terrain, avant de taper son P.-V.. Ensuite, les questions posées et les réponses faites sont portées au P.-V., bien sûr. En tout cas, c'est souvent comme ça que je procède, car j'ai beau taper sans regarder mon clavier, je ne peux pas me concentrer sur ce que j'écris et sur le comportement du MEC... en risquant de louper des signaux de communication non verbale.
    A la fin de l'audition, le P.-V. est imprimé et le MEC est censé le relire (cette mention est d'ailleurs apposée à la fin du P.-V. 'après lecture faite personnellement') et le signer. S'il ne sait pas lire, le fonctionnaire doit le lui relire et précise dans sa mention que la lecture a été faite par ses soins et non par la personne en question. Alors, souvent, dans les services, on n'a pas trop le temps de faire relire la personne, surtout quand il y a une GAV en cours et encore des dizaines d'actes à faire, mais il ne faut pas imaginer par là que le fonctionnaire en profite pour gruger et déformer les propos du MEC.
    Mais quand vous avez un individu qui se fiche ouvertement de vous, et qui vous répond 'je ne sais pas' à toutes vos questions, ou qui vous répond des inepties qui ne tiennent pas la route, franchement, qu'est-ce que vous allez perdre cinq minutes à faire relire alors que l'audition est vide ? Et c'est du vécu !
    Pour les auteurs qui souhaitent s'inspirer de la TV pour leurs romans, la seule série qui est plutôt bien faite est 'PJ' la série de F2 (mais je crois qu'ils l'ont arrêté) : Je trouve qu'elle tient pluôt pas mal la route.
    On peut auditionner auteur, témoin, victime. Les auditions ne sont jamais remises (même à la victime), il n'y a que les plaintes qu'on donne à la victime. Vous vous doutez bien qu'on ne va donner aux gens, même aux témoins, la possibilité de relire leur déclaration avant une deuxième audition pour ne pas risquer qu'ils apprennent par coeur ce qu'ils ont dit pour ne pas se contredire (en cas de témoignage de complaisance, par ex), enfin, moi, c'est mon point de vue.
    Et dernier point important : les auditions de mineurs (victime et auteur, il me semble) doivent obligatoirement être filmées. Perso, je n'en ai jamais fait, mais c'est un peu la galère, si j'en crois les échos que j'ai eus.
    Encore un point, minime : la police et la gendarmerie utilisent des logiciels bien spécifiques pour rédiger les P.-V., ce ne sont pas des modèles sous un traitement de texte.
    Je crois que j'ai donné à peu près toutes les clés pour des romans policiers crédibles, donc je n'ajouterai plus de posts, mais si vous avez des questions, je tâcherai d'y répondre... Dans la limite du devoir de réserve.
    Bonne continuation à tous !
    Isabelle
    Isabelle, 2011-09-04 11:38:54 +02:00
  15. novi
    novi Membre
    Amusant ce débat sur la GAV, et me permet de relire des passages de mon premier livre ( L
    novi, 2011-09-04 14:13:28 +02:00
  16. novi
    novi Membre
    ET pour finir par une petite histoire marrante ;-)))

    C'était un truand de dimension internationale descendu sur Paris à fin d'investir dans quelques affaires immobilières. On était en plein boum 'spéculatoire'. A Roissy, ses faux-vrais papiers n'avaient été qu'une formalité, et il se rendit dans le café où devait se tenir son rendez-vous avec un agent immobilier un peu marron. Mais un autre fromage l'attendait, celui d'une souricière en place depuis le matin ; simple affaire de faux travellers chéques gérée par une brigade territoriale. Un poulet fût aussitôt persuadé qu'il s'agissait de son homme à cause d'une ressemblance physique, le tout concordant avec des témoignages, ainsi qu'une puce téléphonique provenant d'un même lot du marché noir.

    Sitôt arrêté et placé en garde à vue, mais comprenant vite combien l'affaire pouvait être bénigne vis à vis de sa fiche interpol : il reconnut les faits au plus vite, jouant le pauvre type recruté à la dernière minute comme intermédiaire. Il ne tenait point à leur laisser le temps ou l'idée d'investigations supplémentaires. Ce qu'on appelle un bon client pour le fonctionnaire poulet, et pour l'autre fonctionnaire dit d'instruction qui se l'écroua vite fait, bien fait - sont toujours débordés ces gens-là.

    6 mois fermes en audience de flagrant délit, on dira, et un détenu modèle en pleine crise de reconstruction : il s'inscrivit au cours, demanda illico une visiteuse assistance sociale à qui il indiqua une vieille cousine oubliée depuis le temps qu'il était SDF. La cousine habitait loin, beaucoup plus loin qu'on l'aurait imaginé, mais délégua néanmoins un avocat qui fournit un emploi, un domicile possible, et cet homme qui parlait cinq langues, mais dont son prof ne tarissait pas d'éloges quant à ses efforts à améliorer son écrit - il a même réalisé un CV, c'est dire si la réinsertion est possible, Msieur le juge d'application des peines !

    D'ailleurs, ce matin du 6 Juin : une Mercedes classe S noire attendait au bout de l'avenue, le numéro d'écrou 5600, libéré sous le régime de la conditionnelle.

    Un peu plus tard dans les limbes veloutées de nuages clairsemés au dessus de Roissy, tandis que s'estompait le vacarme des réacteurs, le passager AF 2502 du vol Air-France du jour en direction de Caracas, murmura quelque chose d'incompréhensible pour sa voisine de siège, et qui devait se traduire à peu près par '' quel pays de merde, je vais investir ailleurs, c'est plus sûr''.
    novi, 2011-09-04 14:53:35 +02:00
  17. Marjorie
    Marjorie Membre
    Bonjour,

    J'ai commencé à lire les messages avec beaucoup d
    Marjorie, 2011-09-05 15:40:29 +02:00
  18. Charette1796
    Charette1796 Membre Chaville 92
    Bonjour à tous,

    Comme convenu avec Isabelle, je viens ici pour vous parler un peu de mon quotidien de policier en PTS.
    Tout d'abord, je tiens à m'excuser de cette intervention tardive, j'ai en effet été confronté à quelques soucis de la vie et à une surcharge de travail. Bref, me voilà.
    J'ai pris le temps de lire vos messages et je me rends compte qu'en effet, il réside dans les esprits une admiration de cette filiale de la police.
    Avant toute chose je vais brièvement me présenter. J'ai 41 ans, je suis fonctionnaire de police depuis 1994. Je suis entré dans la police en passant le 1er concours de PTS. J'ai été affecté sur Paris et ensuite j'ai été délocalisé en 1996 sur Ecully, en région lyonnaise. Là, pour des raisons personnelles j'ai souhaité passer le concours de gardien de la paix. Après une scolarité d'un an j'ai été affecté sur Paris en commissariat. Deux ans plus tard, on m'a recruté en SLPT ( service local de police technique) car mon dossier intéressé un patron. Depuis ce temps, j'ai pris du galon, mon ancienneté et mon expérience m'ont propulsé responsable adjoint d'un service où j'occupe aussi la fonction de formateur en PTS (prestige de l'ancienneté !).
    Je vais maintenant vous parler de mon quotidien tout en respectant mon droit de réserve.
    Avant toute chose, il faut bien comprendre que la PTS est pratiquée par 2 corps de policiers. D'une part il y a les 'actifs' (gardien de la paix, brigadier et officiers..) et d'autre part, vous pouvez trouver des 'personnels scientifiques' (ASPTS, techniciens et ingénieurs). La différence entre les deux corps réside dans la le recrutement, la formation (il n'y a pas d'école pour les scientifiques) et le salaire !
    Lorsque j'ai débuté, j'étais scientifique, j'ai eu la chance de partir à Ecully où l'accent été mis sur la PTS, j'ai pu donc participer à des opérations intéressantes qui ont été au coeur de l'actualité.
    Cependant, nous étions au début de la PTS et les moyens utilisés étaient souvent loin de nous convenir.
    Nous avions un gros retard à combler vis à vis des autres pays d'Europe et grâce à un effort des dirigeants, nous sommes aujourd'hui un exemple pour de nombreux pays. Malgré tout, nous sommes soumis, comme d'autres, à une volonté de restriction et ceci n'aide pas à faire avancer les enquêtes.
    Pour ce qui est de l'activité de la PTS en SLPT ( il y en a 1 par département, voir 2 ou 3 suivant les départements), nous intervenons sur de nombreuses infractions de vols (variés) homicides, petites délinquances, trafics divers, mais aussi sur des accidents importants. Nous réalisons des albums photographiques, des recherches de traces digitales et palmaires et ADN, des autopsies (je ne découpe pas, j'oriente l'enquête !!). Bref, tous les travaux techniques (j'insiste sur le mot technique) pouvant faire avancer l'enquête.
    Alors, il est vrai que nous sommes loin des séries TV, mais après tout, elles sont là pour nous distraire et nous faire rêver. En ce qui me concerne, je ne les regarde pas. Je n'ai pas envie de retrouver le boulot à la maison et en plus j
    Charette1796, 2011-09-06 11:09:26 +02:00
  19. Isabelle
    Isabelle Membre Ile de France
    Bonjour à tous !
    Je viens refaire un petit tour sur ce post pour apporter une précision sur l'audition de mis en cause avec avocat.
    Alors, si, l'avocat peut intervenir, mais pas du tout comme dans les séries US. En gros, à la fin de l'audition, le policier demande à l'avocat s'il souhaite poser des questions. Si oui, les questions sont rapportées au style indirect sur l'audition (l'avocat n'a pas à signer le pv, mais s'il parle au style direct, il serait obligé de signer, donc problème). Si l'avocat n'a rien de particulier à dire, il en est fait mention dans le pv.
    Les remarques écrites que l'avocat peut faire sur le déroulement de l'audition et dont je parlais dans un précédent post sont toujours d'actualité et si elles existent, elles sont annexées à l'audition, me semble-t-il.
    Voilà pour la précision.
    Bonne continuation à tous.
    Isabelle, 2012-12-12 19:16:22 +01:00
  20. Isabelle
    Isabelle Membre Ile de France
    Bonjour à tous !
    Résurrection pour ce post, mais une précision importante doit y figurer.
    En effet, suite à de nouvelles réformes (qui, elles, sont dues à l'Europe, je crois), une personne mise en cause entendue en dehors du régime de la garde à vue peut, depuis le 01/01/2015, se présenter avec son avocat, ou en demander un commis d'office. L'avocat a les mêmes prérogatives que pour l'audition en GAV, donc là encore, il n'intervient pas, sauf à la fin s'il a des précisions à faire figurer.
    Comme depuis mon dernier post, j'ai eu le droit à des auditions en GAV avec avocat, je peux vous préciser la formulation : 'Demandons à Maître UNTEL s'il a des questions à poser à M. XXX (le mis en cause)', les ajouts étant formulés au style indirect.
    Bonne écriture à tous.
    Isabelle, 2015-01-03 17:01:19 +01:00
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