Si sa décision d'aider ce pays était prise depuis longtemps, il se demanda malgré tout quel en était le sens. Persuadé qu'un jour cette nation allait basculer, comme d'autres, dans le camp de l'islamisme voire de l'obscurantisme, il s'interrogea sur l'utilité des actions de coopération. Etaient-elles nécessaires au développement du pays pour, peut-être, lui éviter ce basculement ? C'est ce qu'il voulait croire. L'expérience menée avec d'autres nations avait cependant montré que cette aide à fonds perdus ne permettait pas toujours d'atteindre le but recherché. Mais s'il y avait seulement une chance de parvenir à sauver l'Algérie, ce pays tant aimé et tant regretté par Marie, il fallait la lui donner. Il repensa à ses grands-parents qui avaient trimé autant que les natifs pour fertiliser cette terre. N'était-elle pas imprégnée des sueurs mêlées d'ouvriers agricoles Arabes ou Espagnols, au service des colons ? Ce labeur devrait servir une autre cause que celle d'un fanatisme politico-religieux qui ne ferait que maintenir la population dans l'ignorance et la misère. Le pays avait déjà durement acquis sa liberté et la France en avait aussi payé le prix. Il fallait éviter un deuxième gâchis et donc aider cette nation à aller vers le progrès et l'essor économique qui, seuls, permettraient de redonner espoir à la jeune génération. Pierre sortit de ses pensées humanistes lorsque Djamila Zérouali lui rappela qu'il était invité chez elle avec Délia pour le repas du soir et qu'ils seraient attendus vers vingt heures. D'ici là, Délia l'amènerait à l