'Entre la lampe et l'aube' EXTRAIT

 Présentez vos livres sur le forum   Débuté par tobir   2009-10-22 00:00:00 +02:00   Messages 7    Vues: 653

  1. tobir
    tobir Membre Marmagne(18500)
    A L'attention de Christine FAYE.
    2ème extrait.

    Entre la lampe et l'aube
    Elle était poissonnière de son état et se rendait à SETE
    deux ou trois fois par semaine, avec quelques consoeurs,
    pour s'approvisionner en poissons de mer, afin de
    compléter un choix que ne pouvaient leur procurer les
    pêcheurs de l'étang C'était avant la guerre, et le retour se
    faisait par ce même autobus. L'ambiance n' était pas à la
    morosité, « fille de garce »2 quelle effervescence ! Les
    histoires grivoises et... toujours vraies ne pouvaient que
    créer l'hilarité générale. La Jacobine se trouvait toujours
    une tête de turc qu'elle ne ménageait pas de ses
    plaisanteries, pour ne pas dire invectives, voire
    sarcasmes. Mais cela finissait sans la moindre rancune,
    tout se passait dans la joie et surtout dans l'odeur de la
    marée. Arrivées à destination les caissettes de poissons
    étaient chargées sur les petites charrettes à bras que ces
    courageuses poissonnières poussaient ou tiraient avec
    une nonchalance simulée par un déhanchement qui lui ne
    l'était pas. Les kilomètres parcourus durant des années
    sur les mauvais pavés des vieilles rues n'y étaient pas
    étrangers. Les roues des charretons sautant plutôt
    qu'elles ne roulaient secouaient les corps comme ne
    pourraient le faire les plus perfectionnés des
    vibromasseurs de nos belles ou élégantes dames
    modernes.
    Rien n'empêchait pourtant nos braves vendeuses de
    vanter du geste et de la voix leur marchandise. Il me
    semble les voir et les entendre encore; je voudrai me
    2 expression locale
    32
    Voyage dans le passé
    souvenir davantage afin que ne m'échappe le moindre
    trait de leur personnage. La fraîcheur du poisson
    enveloppé dans un papier journal, c'était un mélange
    d'affection, de bonheur et qui sait de misère que l'on
    sentait entre les doigts.
    Pouvait on imaginer en effet que des femmes aussi rudes
    pouvaient être perméables au malheur, sensibles à la
    peine; sans aucun doute mais rien n'y paraissait. Ce
    métier, du moins celui avec les moyens dont il était
    exercé a complètement disparu, la misère existe toujours,
    elle n'a fait l'objet que d'un transfert. Doit-on regretter
    cet autrefois? dans une certaine mesure, oui. Le travail,
    quel qu'il soit, d'ailleurs s'est déshumanisé, le cadre n'est
    plus le même et les images du passé pâlissent peu à peu.
    Il y avait de la couleur dans ces villages d'hier, dans le
    comportement de ces habitants et surtout, surtout dans
    l'accent du pays. Les plus nombreux s'exprimaient dans
    leur patois local, ce qui donnait encore plus de sel aux
    conversations. Je suis de ceux, hélas qui le comprennent
    mais qui ne le parlent pas.
    Je sais que ce patois écorchait quelque peu la langue
    originale et régionale d'Oc, mais qu'importe ! Continuer
    à la parler, comme on le pouvait, car il n'y avait plus de
    maîtres en la matière, c'était encore démontrer que l'on
    s'accrochait au pays.
    Au fil des siècles l'occitan se mourait, dans sa langue,
    dans ses coutumes, dans ses moeurs, dans ses attitudes et
    ses sentiments. Bref dans sa culture et son histoire. On a
    33
    Entre la lampe et l'aube
    substitué peu à peu le français à l'occitan; on, c'est-à-dire
    la Monarchie, idéologie dominante, en l'an 1271 où le
    Midi entre dans le royaume capétien par la force et non
    sans raison. La puissance méridionale où la Langue d'Oc
    est porteuse d'une littérature brillante représentait un
    danger pour le royaume. Cette langue était le support
    social et moral du peuple des travailleurs sa disparition
    progressive n'a en pas moins créé un schisme dialectal à
    l'intérieur de l'occitan. Le français à parler et à écrire
    désempare la population et à plus forte raison l'homme
    de la rue qui se voit en état d'infériorité. Ainsi apparaît
    une diversion et déjà en filigrane le concept de
    ségrégation. A l'évidence le patois étant par excellence le
    langage populaire, il convenait de le remplacer par une
    langue plus noble, surtout plus compliquée que les
    classes inférieures, politiquement dangereuses pour le
    régime en place, auraient des difficultés à assimiler.
    Chacun, sait que les troubles de la parole peuvent
    provoquer des perturbations de l'esprit et de la pensée.
    Le Pouvoir actuel n'a rien inventé, les désordres qu'il
    organise dans l'enseignement en général ne sont pas faits
    sans arrière pensée.
    Nostalgie
    n ce jour donc du mois de Juillet 1941, rien ne meEntre la lampe et l'aube
    Elle était poissonnière de son état et se rendait à SETE
    deux ou trois fois par semaine, avec quelques consoeurs,
    pour s'approvisionner en poissons de mer, afin de
    compléter un choix que ne pouvaient leur procurer les
    pêcheurs de l'étang C'était avant la guerre, et le retour se
    faisait par ce même autobus. L'ambiance n' était pas à la
    morosité, « fille de garce »2 quelle effervescence ! Les
    histoires grivoises et... toujours vraies ne pouvaient que
    créer l'hilarité générale. La Jacobine se trouvait toujours
    une tête de turc qu'elle ne ménageait pas de ses
    plaisanteries, pour ne pas dire invectives, voire
    sarcasmes. Mais cela finissait sans la moindre rancune,
    tout se passait dans la joie et surtout dans l'odeur de la
    marée. Arrivées à destination les caissettes de poissons
    étaient chargées sur les petites charrettes à bras que ces
    courageuses poissonnières poussaient ou tiraient avec
    une nonchalance simulée par un déhanchement qui lui ne
    l'était pas. Les kilomètres parcourus durant des années
    sur les mauvais pavés des vieilles rues n'y étaient pas
    étrangers. Les roues des charretons sautant plutôt
    qu'elles ne roulaient secouaient les corps comme ne
    pourraient le faire les plus perfectionnés des
    vibromasseurs de nos belles ou élégantes dames
    modernes.
    Rien n'empêchait pourtant nos braves vendeuses de
    vanter du geste et de la voix leur marchandise. Il me
    semble les voir et les entendre encore; je voudrai me
    2 expression locale
    32
    Voyage dans le passé
    souvenir davantage afin que ne m'échappe le moindre
    trait de leur personnage. La fraîcheur du poisson
    enveloppé dans un papier journal, c'était un mélange
    d'affection, de bonheur et qui sait de misère que l'on
    sentait entre les doigts.
    Pouvait on imaginer en effet que des femmes aussi rudes
    pouvaient être perméables au malheur, sensibles à la
    peine; sans aucun doute mais rien n'y paraissait. Ce
    métier, du moins celui avec les moyens dont il était
    exercé a complètement disparu, la misère existe toujours,
    elle n'a fait l'objet que d'un transfert. Doit-on regretter
    cet autrefois? dans une certaine mesure, oui. Le travail,
    quel qu'il soit, d'ailleurs s'est déshumanisé, le cadre n'est
    plus le même et les images du passé pâlissent peu à peu.
    Il y avait de la couleur dans ces villages d'hier, dans le
    comportement de ces habitants et surtout, surtout dans
    l'accent du pays. Les plus nombreux s'exprimaient dans
    leur patois local, ce qui donnait encore plus de sel aux
    conversations. Je suis de ceux, hélas qui le comprennent
    mais qui ne le parlent pas.
    Je sais que ce patois écorchait quelque peu la langue
    originale et régionale d'Oc, mais qu'importe ! Continuer
    à la parler, comme on le pouvait, car il n'y avait plus de
    maîtres en la matière, c'était encore démontrer que l'on
    s'accrochait au pays.
    Au fil des siècles l'occitan se mourait, dans sa langue,
    dans ses coutumes, dans ses moeurs, dans ses attitudes et
    ses sentiments. Bref dans sa culture et son histoire. On a
    33
    Entre la lampe et l'aube
    substitué peu à peu le français à l'occitan; on, c'est-à-dire
    la Monarchie, idéologie dominante, en l'an 1271 où le
    Midi entre dans le royaume capétien par la force et non
    sans raison. La puissance méridionale où la Langue d'Oc
    est porteuse d'une littérature brillante représentait un
    danger pour le royaume. Cette langue était le support
    social et moral du peuple des travailleurs sa disparition
    progressive n'a en pas moins créé un schisme dialectal à
    l'intérieur de l'occitan. Le français à parler et à écrire
    désempare la population et à plus forte raison l'homme
    de la rue qui se voit en état d'infériorité. Ainsi apparaît
    une diversion et déjà en filigrane le concept de
    ségrégation. A l'évidence le patois étant par excellence le
    langage populaire, il convenait de le remplacer par une
    langue plus noble, surtout plus compliquée que les
    classes inférieures, politiquement dangereuses pour le
    régime en place, auraient des difficultés à assimiler.
    Chacun, sait que les troubles de la parole peuvent
    provoquer des perturbations de l'esprit et de la pensée.
    Le Pouvoir actuel n'a rien inventé, les désordres qu'il
    organise dans l'enseignement en général ne sont pas faits
    sans arrière pensée.
    Nostalgie
    n ce jour donc du mois de Juillet 1941, rien ne meEntre la lampe et l'aube
    Elle était poissonnière de son état et se rendait à SETE
    deux ou trois fois par semaine, avec quelques consoeurs,
    pour s'approvisionner en poissons de mer, afin de
    compléter un choix que ne pouvaient leur procurer les
    pêcheurs de l'étang C'était avant la guerre, et le retour se
    faisait par ce même autobus. L'ambiance n' était pas à la
    morosité, « fille de garce »2 quelle effervescence ! Les
    histoires grivoises et... toujours vraies ne pouvaient que
    créer l'hilarité générale. La Jacobine se trouvait toujours
    une tête de turc qu'elle ne ménageait pas de ses
    plaisanteries, pour ne pas dire invectives, voire
    sarcasmes. Mais cela finissait sans la moindre rancune,
    tout se passait dans la joie et surtout dans l'odeur de la
    marée. Arrivées à destination les caissettes de poissons
    étaient chargées sur les petites charrettes à bras que ces
    courageuses poissonnières poussaient ou tiraient avec
    une nonchalance simulée par un déhanchement qui lui ne
    l'était pas. Les kilomètres parcourus durant des années
    sur les mauvais pavés des vieilles rues n'y étaient pas
    étrangers. Les roues des charretons sautant plutôt
    qu'elles ne roulaient secouaient les corps comme ne
    pourraient le faire les plus perfectionnés des
    vibromasseurs de nos belles ou élégantes dames
    modernes.
    Rien n'empêchait pourtant nos braves vendeuses de
    vanter du geste et de la voix leur marchandise. Il me
    semble les voir et les entendre encore; je voudrai me
    2 expression locale
    32
    Voyage dans le passé
    souvenir davantage afin que ne m'échappe le moindre
    trait de leur personnage. La fraîcheur du poisson
    enveloppé dans un papier journal, c'était un mélange
    d'affection, de bonheur et qui sait de misère que l'on
    sentait entre les doigts.
    Pouvait on imaginer en effet que des femmes aussi rudes
    pouvaient être perméables au malheur, sensibles à la
    peine; sans aucun doute mais rien n'y paraissait. Ce
    métier, du moins celui avec les moyens dont il était
    exercé a complètement disparu, la misère existe toujours,
    elle n'a fait l'objet que d'un transfert. Doit-on regretter
    cet autrefois? dans une certaine mesure, oui. Le travail,
    quel qu'il soit, d'ailleurs s'est déshumanisé, le cadre n'est
    plus le même et les images du passé pâlissent peu à peu.
    Il y avait de la couleur dans ces villages d'hier, dans le
    comportement de ces habitants et surtout, surtout dans
    l'accent du pays. Les plus nombreux s'exprimaient dans
    leur patois local, ce qui donnait encore plus de sel aux
    conversations. Je suis de ceux, hélas qui le comprennent
    mais qui ne le parlent pas.
    Je sais que ce patois écorchait quelque peu la langue
    originale et régionale d'Oc, mais qu'importe ! Continuer
    à la parler, comme on le pouvait, car il n'y avait plus de
    maîtres en la matière, c'était encore démontrer que l'on
    s'accrochait au pays.
    Au fil des siècles l'occitan se mourait, dans sa langue,
    dans ses coutumes, dans ses moeurs, dans ses attitudes et
    ses sentiments. Bref dans sa culture et son histoire. On a
    33
    Entre la lampe et l'aube
    substitué peu à peu le français à l'occitan; on, c'est-à-dire
    la Monarchie, idéologie dominante, en l'an 1271 où le
    Midi entre dans le royaume capétien par la force et non
    sans raison. La puissance méridionale où la Langue d'Oc
    est porteuse d'une littérature brillante représentait un
    danger pour le royaume. Cette langue était le support
    social et moral du peuple des travailleurs sa disparition
    progressive n'a en pas moins créé un schisme dialectal à
    l'intérieur de l'occitan. Le français à parler et à écrire
    désempare la population et à plus forte raison l'homme
    de la rue qui se voit en état d'infériorité. Ainsi apparaît
    une diversion et déjà en filigrane le concept de
    ségrégation. A l'évidence le patois étant par excellence le
    langage populaire, il convenait de le remplacer par une
    langue plus noble, surtout plus compliquée que les
    classes inférieures, politiquement dangereuses pour le
    régime en place, auraient des difficultés à assimiler.
    Chacun, sait que les troubles de la parole peuvent
    provoquer des perturbations de l'esprit et de la pensée.
    Le Pouvoir actuel n'a rien inventé, les désordres qu'il
    organise dans l'enseignement en général ne sont pas faits
    sans arrière pensée.
    Nostalgie
    n ce jour donc du mois de Juillet 1941, rien ne me
    rappelait l'atmosphère du trajet d'un passé pourtant
    récent. L'autobus m'arrêtait à une vingtaine de mètres de
    rappelait l'atmosphère du trajet d'un passé pourtant
    récent. L'autobus m'arrêtait à une vingtaine de mètres de
    rappelait l'atmosphère du trajet d'un passé pourtant
    récent. L'autobus m'arrêtait à une vingtaine de mètres de
    tobir, 2009-10-22 08:17:15 +02:00
  2. tobir
    tobir Membre Marmagne(18500)
    A la rubrique'des extraits...c'est bien ,j'ai placé un 1er exextrait que vous semblez ne pas avoir vu
    Bien amicalement


    Le livre Entre la lampe et l
    tobir, 2009-10-22 08:24:11 +02:00
  3. christineCT
    christineCT Membre var
    Raoul, j'ai mis votre bannière hier sur mon site myspace, j'espère ainsi attirer l'oeil de mes lecteurs sur votre oeuvre. A bientôt.
    Bisous.
    Chris.

    Le livre LE CHATEAU DE L
    christineCT, 2009-10-22 08:55:16 +02:00
  4. tobir
    tobir Membre Marmagne(18500)
    C'est très gentil Christine, merci , j'espère que vous allez mieux,a bientôt,
    Amitiés,Bises,
    Raoul.
    Le livre Entre la lampe et l
    tobir, 2009-10-22 10:03:59 +02:00
  5. christineCT
    christineCT Membre var
    Pas de quoi, cela me fait plaisir. Tout dépend des jours, j'essaye de garder le moral, là je reviens du kiné, donc ça peut aller, j'en profite pour passer très vite ici avant d'aller m'allonger.
    Bisous.
    Chris.

    Le livre LE CHATEAU DE L
    christineCT, 2009-10-22 10:14:54 +02:00
  6. Jean-Marc
    Jean-Marc Membre Champagne
    En complément d'informations, je confirme que le livre de Raoul est une petite merveille du genre...
    Que ceux/celles qui hésitent, craquent ! Vous ne le regretterez pas...
    Jean-Marc, 2009-10-22 11:06:28 +02:00
  7. tobir
    tobir Membre Marmagne(18500)
    Merci Jean Marc,
    Un bonsoir et bonne continuation,,il faudra que je vienne faire un tour dans ta Biblio, il parait qu'Emovance fait un tabac. Je suis très occupé avec mon2ème livre à paraître chez TBE, jai arrêté un peu les lectures sinon je ne le terminerais jamais ce foutu livre
    Bien amicalement,
    Raoul

    Le livre Entre la lampe et l
    tobir, 2009-10-22 19:44:55 +02:00
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