Entre la lampe et l'aube Elle était poissonnière de son état et se rendait à SETE deux ou trois fois par semaine, avec quelques consoeurs, pour s'approvisionner en poissons de mer, afin de compléter un choix que ne pouvaient leur procurer les pêcheurs de l'étang C'était avant la guerre, et le retour se faisait par ce même autobus. L'ambiance n' était pas à la morosité, « fille de garce »2 quelle effervescence ! Les histoires grivoises et... toujours vraies ne pouvaient que créer l'hilarité générale. La Jacobine se trouvait toujours une tête de turc qu'elle ne ménageait pas de ses plaisanteries, pour ne pas dire invectives, voire sarcasmes. Mais cela finissait sans la moindre rancune, tout se passait dans la joie et surtout dans l'odeur de la marée. Arrivées à destination les caissettes de poissons étaient chargées sur les petites charrettes à bras que ces courageuses poissonnières poussaient ou tiraient avec une nonchalance simulée par un déhanchement qui lui ne l'était pas. Les kilomètres parcourus durant des années sur les mauvais pavés des vieilles rues n'y étaient pas étrangers. Les roues des charretons sautant plutôt qu'elles ne roulaient secouaient les corps comme ne pourraient le faire les plus perfectionnés des vibromasseurs de nos belles ou élégantes dames modernes. Rien n'empêchait pourtant nos braves vendeuses de vanter du geste et de la voix leur marchandise. Il me semble les voir et les entendre encore; je voudrai me 2 expression locale 32 Voyage dans le passé souvenir davantage afin que ne m'échappe le moindre trait de leur personnage. La fraîcheur du poisson enveloppé dans un papier journal, c'était un mélange d'affection, de bonheur et qui sait de misère que l'on sentait entre les doigts. Pouvait on imaginer en effet que des femmes aussi rudes pouvaient être perméables au malheur, sensibles à la peine; sans aucun doute mais rien n'y paraissait. Ce métier, du moins celui avec les moyens dont il était exercé a complètement disparu, la misère existe toujours, elle n'a fait l'objet que d'un transfert. Doit-on regretter cet autrefois? dans une certaine mesure, oui. Le travail, quel qu'il soit, d'ailleurs s'est déshumanisé, le cadre n'est plus le même et les images du passé pâlissent peu à peu. Il y avait de la couleur dans ces villages d'hier, dans le comportement de ces habitants et surtout, surtout dans l'accent du pays. Les plus nombreux s'exprimaient dans leur patois local, ce qui donnait encore plus de sel aux conversations. Je suis de ceux, hélas qui le comprennent mais qui ne le parlent pas. Je sais que ce patois écorchait quelque peu la langue originale et régionale d'Oc, mais qu'importe ! Continuer à la parler, comme on le pouvait, car il n'y avait plus de maîtres en la matière, c'était encore démontrer que l'on s'accrochait au pays. Au fil des siècles l'occitan se mourait, dans sa langue, dans ses coutumes, dans ses moeurs, dans ses attitudes et ses sentiments. Bref dans sa culture et son histoire. On a 33 Entre la lampe et l'aube substitué peu à peu le français à l'occitan; on, c'est-à-dire la Monarchie, idéologie dominante, en l'an 1271 où le Midi entre dans le royaume capétien par la force et non sans raison. La puissance méridionale où la Langue d'Oc est porteuse d'une littérature brillante représentait un danger pour le royaume. Cette langue était le support social et moral du peuple des travailleurs sa disparition progressive n'a en pas moins créé un schisme dialectal à l'intérieur de l'occitan. Le français à parler et à écrire désempare la population et à plus forte raison l'homme de la rue qui se voit en état d'infériorité. Ainsi apparaît une diversion et déjà en filigrane le concept de ségrégation. A l'évidence le patois étant par excellence le langage populaire, il convenait de le remplacer par une langue plus noble, surtout plus compliquée que les classes inférieures, politiquement dangereuses pour le régime en place, auraient des difficultés à assimiler. Chacun, sait que les troubles de la parole peuvent provoquer des perturbations de l'esprit et de la pensée. Le Pouvoir actuel n'a rien inventé, les désordres qu'il organise dans l'enseignement en général ne sont pas faits sans arrière pensée. Nostalgie n ce jour donc du mois de Juillet 1941, rien ne meEntre la lampe et l'aube Elle était poissonnière de son état et se rendait à SETE deux ou trois fois par semaine, avec quelques consoeurs, pour s'approvisionner en poissons de mer, afin de compléter un choix que ne pouvaient leur procurer les pêcheurs de l'étang C'était avant la guerre, et le retour se faisait par ce même autobus. L'ambiance n' était pas à la morosité, « fille de garce »2 quelle effervescence ! Les histoires grivoises et... toujours vraies ne pouvaient que créer l'hilarité générale. La Jacobine se trouvait toujours une tête de turc qu'elle ne ménageait pas de ses plaisanteries, pour ne pas dire invectives, voire sarcasmes. Mais cela finissait sans la moindre rancune, tout se passait dans la joie et surtout dans l'odeur de la marée. Arrivées à destination les caissettes de poissons étaient chargées sur les petites charrettes à bras que ces courageuses poissonnières poussaient ou tiraient avec une nonchalance simulée par un déhanchement qui lui ne l'était pas. Les kilomètres parcourus durant des années sur les mauvais pavés des vieilles rues n'y étaient pas étrangers. Les roues des charretons sautant plutôt qu'elles ne roulaient secouaient les corps comme ne pourraient le faire les plus perfectionnés des vibromasseurs de nos belles ou élégantes dames modernes. Rien n'empêchait pourtant nos braves vendeuses de vanter du geste et de la voix leur marchandise. Il me semble les voir et les entendre encore; je voudrai me 2 expression locale 32 Voyage dans le passé souvenir davantage afin que ne m'échappe le moindre trait de leur personnage. La fraîcheur du poisson enveloppé dans un papier journal, c'était un mélange d'affection, de bonheur et qui sait de misère que l'on sentait entre les doigts. Pouvait on imaginer en effet que des femmes aussi rudes pouvaient être perméables au malheur, sensibles à la peine; sans aucun doute mais rien n'y paraissait. Ce métier, du moins celui avec les moyens dont il était exercé a complètement disparu, la misère existe toujours, elle n'a fait l'objet que d'un transfert. Doit-on regretter cet autrefois? dans une certaine mesure, oui. Le travail, quel qu'il soit, d'ailleurs s'est déshumanisé, le cadre n'est plus le même et les images du passé pâlissent peu à peu. Il y avait de la couleur dans ces villages d'hier, dans le comportement de ces habitants et surtout, surtout dans l'accent du pays. Les plus nombreux s'exprimaient dans leur patois local, ce qui donnait encore plus de sel aux conversations. Je suis de ceux, hélas qui le comprennent mais qui ne le parlent pas. Je sais que ce patois écorchait quelque peu la langue originale et régionale d'Oc, mais qu'importe ! Continuer à la parler, comme on le pouvait, car il n'y avait plus de maîtres en la matière, c'était encore démontrer que l'on s'accrochait au pays. Au fil des siècles l'occitan se mourait, dans sa langue, dans ses coutumes, dans ses moeurs, dans ses attitudes et ses sentiments. Bref dans sa culture et son histoire. On a 33 Entre la lampe et l'aube substitué peu à peu le français à l'occitan; on, c'est-à-dire la Monarchie, idéologie dominante, en l'an 1271 où le Midi entre dans le royaume capétien par la force et non sans raison. La puissance méridionale où la Langue d'Oc est porteuse d'une littérature brillante représentait un danger pour le royaume. Cette langue était le support social et moral du peuple des travailleurs sa disparition progressive n'a en pas moins créé un schisme dialectal à l'intérieur de l'occitan. Le français à parler et à écrire désempare la population et à plus forte raison l'homme de la rue qui se voit en état d'infériorité. Ainsi apparaît une diversion et déjà en filigrane le concept de ségrégation. A l'évidence le patois étant par excellence le langage populaire, il convenait de le remplacer par une langue plus noble, surtout plus compliquée que les classes inférieures, politiquement dangereuses pour le régime en place, auraient des difficultés à assimiler. Chacun, sait que les troubles de la parole peuvent provoquer des perturbations de l'esprit et de la pensée. Le Pouvoir actuel n'a rien inventé, les désordres qu'il organise dans l'enseignement en général ne sont pas faits sans arrière pensée. Nostalgie n ce jour donc du mois de Juillet 1941, rien ne meEntre la lampe et l'aube Elle était poissonnière de son état et se rendait à SETE deux ou trois fois par semaine, avec quelques consoeurs, pour s'approvisionner en poissons de mer, afin de compléter un choix que ne pouvaient leur procurer les pêcheurs de l'étang C'était avant la guerre, et le retour se faisait par ce même autobus. L'ambiance n' était pas à la morosité, « fille de garce »2 quelle effervescence ! Les histoires grivoises et... toujours vraies ne pouvaient que créer l'hilarité générale. La Jacobine se trouvait toujours une tête de turc qu'elle ne ménageait pas de ses plaisanteries, pour ne pas dire invectives, voire sarcasmes. Mais cela finissait sans la moindre rancune, tout se passait dans la joie et surtout dans l'odeur de la marée. Arrivées à destination les caissettes de poissons étaient chargées sur les petites charrettes à bras que ces courageuses poissonnières poussaient ou tiraient avec une nonchalance simulée par un déhanchement qui lui ne l'était pas. Les kilomètres parcourus durant des années sur les mauvais pavés des vieilles rues n'y étaient pas étrangers. Les roues des charretons sautant plutôt qu'elles ne roulaient secouaient les corps comme ne pourraient le faire les plus perfectionnés des vibromasseurs de nos belles ou élégantes dames modernes. Rien n'empêchait pourtant nos braves vendeuses de vanter du geste et de la voix leur marchandise. Il me semble les voir et les entendre encore; je voudrai me 2 expression locale 32 Voyage dans le passé souvenir davantage afin que ne m'échappe le moindre trait de leur personnage. La fraîcheur du poisson enveloppé dans un papier journal, c'était un mélange d'affection, de bonheur et qui sait de misère que l'on sentait entre les doigts. Pouvait on imaginer en effet que des femmes aussi rudes pouvaient être perméables au malheur, sensibles à la peine; sans aucun doute mais rien n'y paraissait. Ce métier, du moins celui avec les moyens dont il était exercé a complètement disparu, la misère existe toujours, elle n'a fait l'objet que d'un transfert. Doit-on regretter cet autrefois? dans une certaine mesure, oui. Le travail, quel qu'il soit, d'ailleurs s'est déshumanisé, le cadre n'est plus le même et les images du passé pâlissent peu à peu. Il y avait de la couleur dans ces villages d'hier, dans le comportement de ces habitants et surtout, surtout dans l'accent du pays. Les plus nombreux s'exprimaient dans leur patois local, ce qui donnait encore plus de sel aux conversations. Je suis de ceux, hélas qui le comprennent mais qui ne le parlent pas. Je sais que ce patois écorchait quelque peu la langue originale et régionale d'Oc, mais qu'importe ! Continuer à la parler, comme on le pouvait, car il n'y avait plus de maîtres en la matière, c'était encore démontrer que l'on s'accrochait au pays. Au fil des siècles l'occitan se mourait, dans sa langue, dans ses coutumes, dans ses moeurs, dans ses attitudes et ses sentiments. Bref dans sa culture et son histoire. On a 33 Entre la lampe et l'aube substitué peu à peu le français à l'occitan; on, c'est-à-dire la Monarchie, idéologie dominante, en l'an 1271 où le Midi entre dans le royaume capétien par la force et non sans raison. La puissance méridionale où la Langue d'Oc est porteuse d'une littérature brillante représentait un danger pour le royaume. Cette langue était le support social et moral du peuple des travailleurs sa disparition progressive n'a en pas moins créé un schisme dialectal à l'intérieur de l'occitan. Le français à parler et à écrire désempare la population et à plus forte raison l'homme de la rue qui se voit en état d'infériorité. Ainsi apparaît une diversion et déjà en filigrane le concept de ségrégation. A l'évidence le patois étant par excellence le langage populaire, il convenait de le remplacer par une langue plus noble, surtout plus compliquée que les classes inférieures, politiquement dangereuses pour le régime en place, auraient des difficultés à assimiler. Chacun, sait que les troubles de la parole peuvent provoquer des perturbations de l'esprit et de la pensée. Le Pouvoir actuel n'a rien inventé, les désordres qu'il organise dans l'enseignement en général ne sont pas faits sans arrière pensée. Nostalgie n ce jour donc du mois de Juillet 1941, rien ne me rappelait l'atmosphère du trajet d'un passé pourtant récent. L'autobus m'arrêtait à une vingtaine de mètres de rappelait l'atmosphère du trajet d'un passé pourtant récent. L'autobus m'arrêtait à une vingtaine de mètres de rappelait l'atmosphère du trajet d'un passé pourtant récent. L'autobus m'arrêtait à une vingtaine de mètres de
Pas de quoi, cela me fait plaisir. Tout dépend des jours, j'essaye de garder le moral, là je reviens du kiné, donc ça peut aller, j'en profite pour passer très vite ici avant d'aller m'allonger. Bisous. Chris.
En complément d'informations, je confirme que le livre de Raoul est une petite merveille du genre... Que ceux/celles qui hésitent, craquent ! Vous ne le regretterez pas...
Merci Jean Marc, Un bonsoir et bonne continuation,,il faudra que je vienne faire un tour dans ta Biblio, il parait qu'Emovance fait un tabac. Je suis très occupé avec mon2ème livre à paraître chez TBE, jai arrêté un peu les lectures sinon je ne le terminerais jamais ce foutu livre Bien amicalement, Raoul