Je reviens, avec ces travailleurs de la ville basse, dont les ressources provenaient de l'eau et ceux de la ville haute qui vivaient de l'exploitation de la vigne, à tout ce qui constituait le monde du travail de ma petite ville. D'elle je préférais ce quartier, à lui tout seul, un village, où notre maison était plantée. J'appréciais, mieux je goûtais à cette agitation du jour où je me mêlais; la nuit ensuite était tranquillement mystérieuse, sauf quand il y avait une tempête toutes ces ombres tranquilles se mettaient à chahuter. Dans le port, les bateaux craquelaient dans leurs corps, les cordes qui les retenaient, grinçaient en se tendant et se détendant, les nacelles s'entrechoquaient, heurtaient le granite du quai. Ces chocs parfois laissaient quelques traces. Presque sous nos pieds, nous sentions les vagues écumeuses de rage, mais domptées. Tout cela ne m'effrayait pas; l'abri et la chaleur du bon logis sont bien réconfortants. Ce réconfort, né d'un confort dont je ne connaissais pas le prix, j'ignorais alors que bientôt j'allais le perdre. Mais, ô combien ces nuits, à la belle saison surtout, étaient calmes, ouatées, alors dès que je me couchais le clapotis de l'eau m'endormait et je rêvais d'aigue-marine. Il faisait très chaud en ce début de Juillet et il devait être midi. Chaleur et cahotement aidant, j'avais dû m'endormir en fin de parcours.