Dans la littérature ancienne japonaise, on distinguait, traditionnellement deux grands types de poésie: La poésie dite japonaise « Waka » et la poésie chinoise, « kanshi » . Et c'est au X° Siècle que cette littérature acquit ses lettres de noblesse, cela d'autant plus que le japonais, en tant que langue écrite, avait fait son apparition.
La première anthologie poétique, « Le Man'yôshû », apparut au IX° Siècle. Compilée au cours du VIII° Siècle, elle est le plus an cien ouvrage entièrement composé en langue japonaise écrite en caractères chinois. Ce « recueil de dix mille feuilles » est non seulement l'ancêtre des nombreux florilèges de la poésie japonaise, il est aussi celui qui touche, le plus, la sensibilité des Japonais d'aujourd'hui qui éprouvent une sorte de nostalgie pour ce qu'ils appellent « le monde du Man.yôshû. »
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Un extrait............
Elégie à une inconnue. - Naga-uta -
Vous belle étrangère que je ne sais regarder, vous, loin de ma terre, par l'océan séparée, êtes un mystère que ne saurais décrypter. A pas de velours, dans ma vie, par mes écrits, au matin d'un jour enceint de nuages gris, vous êtes rentrée et vous vous êtes posée, présence diaphane, sans que je ne vous y vois. De votre passage, quelques mots, seulement, restent, simples et précieux, riches et troublants, des mots au coin d'une page me refusant d'effacer. Chacun, par ses lettres, langue pure et maîtrisée, délicieux hommage, me conte ce délicat instant où, perçant mon intimité voilée et la décryptant, vous avez dompté mon moi, votre me faisant. Ne vous enfuyez! Restez! Un rai de soleil a illuminé mon ciel dans ma nuit grisaille, dans mes insipides jours.
Merci Anne de votre passage... mes japonaises sont publiées outre les Oies sauvages, Perles de Cristal, Voilages et macramés, Ombres et lumières, le Pays des campements de nuit, la Pays du Couchant lointain....
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Pensez-vous, Ombre, que si 'Elegie à une inconnue' était d'un auteur Japonais ou Chinois, je l'aurais signée de mon nom?
Un Naga-uta ou chôta est en contre partie d'un haïku, - 3 vers en 5/7/5 -, ou un tanka, - 5 vers 5/7/5 et 7/7 -, une poésie longue d'au moins 9 vers et d'un maximum de 201 vers en 5/7 en alternance se terminant par un vers supplémentaire de 7 syllabes.
Et, au Japon, cette forme de poésie non rimée ayant disparue depuis le IX° Siècle, je suis le poéte qui l'a remis au gout du jour... et les européens et les américains s'y mettent eux aussi...