'Attendez! dit la vieille dame sur son lit de mort, l'heure n'est pas venue d'éteindre les lumières! L'âtre consume ma mémoire et disperse mes torts, mais votre chagrin en ravive les cendres amères.
Le vent gémit au pas de ma porte en une longue plainte, et l'astre lunaire filtre sa pâleur son mon visage éteint et la nuit m'enveloppe de ses obscures craintes et vos regards sont des miroirs pour défunts.
Attendez, vous dis-je! L'heure n'est pas venue d'éteindre les lumières! Ai-je peur, moi, que la mort me fige? Je crains davantage vos larmoyantes prières.
Mes enfants, qui me regardez sans plus me voir, laissez-moi donc en souvenir vos sourires innocents, vos voix chuchoter comme la brise d'un soir et vos aveux d'amour qu'en mon âme j'entends.
N'espérez plus d'aube sur ma couche désertée, ni d'été, ni d'automne ou d'hiver, car je m'enfuis déjà vers l'éternité où l'heure est venue d'éteindre les lumières.'
Oui et non...! Je me suis glissée dans la peau d'une vieille dame sans savoir que ce rêve serait prémonitoire... ma grand-mère (la femme de ma vie!) est partie un mois après l'écriture de ce poème...
Merci Fred. J'ai une affection particulière pour 'La mort de l'anonyme'. Logique...il me rappelle cette femme exceptionnelle dont les dernières paroles ont été : 'ma petite fille, il ne faut jamais cesser d'écrire'. Alors quand le doute et le découragement m'assaillent, je me raccroche à cette phrase comme on s'accroche à un rêve! Oulala, je deviens mélo...
j'aime ce poème, vivant, touchant, émouvant, la poésie est un art... Je suis très sensible à ce genre de poésies... J'aime votre prose...rien de plus...
Armelle...je savais, avant que tu ne le précises, de 'qui' tu parlais dans ce poème, même s'il avait été écrit avant la disparition de la 'femme de ta vie'. Je connaissais aussi cette fameuse phrase qu'elle a prononcée... Que ce Salon du Livre nous a fait ouvrir bien des portes de nos coeurs, même en fumant clope sur clope!:-) Je tenais à dire surtout ceci: ce poème est plus que touchant, il est brillamment écrit, se lit aisément et se comprend avec l'âme...alors, pour tout cela, entre autres, merci et bravo!
Anne, je sais que tu me comprends et ton message me touche, me rappelle cet échange entre deux personnes qui ne se connaissent pas et qui, pourtant, ont partagé d'intimes souvenirs l'espace d'un bref instant. Bisous mon Anne!
Et merci à toi,Plume! Je n'avais pas lu ton post... Tu sais également que j'éprouve un grand plaisir à te lire...Si la poésie est un art, alors tu es une talentueuse artiste!
Oui Armelle, je suis une nostalgique moi...les souvenirs, même fugaces, sont ancrés (et encrés) en moi lorsqu'ils ont, l'espace d'un instant, révélé une forte émotion que l'on n'aurait pas soupçonnée, comme tu le dis, dans une conversation entre deux personnes qui ne se connaissent pas, en l'occurrence NOUS...
Que vivent ta plume et ton écriture! Je suis absorbée, happée dans la maison aux voles rouges et savoure chaque page que je découvre, je l'effeuille ce livre, quel talent tu as pour ménager le suspens!!
Aux VOLETS bien sûr hein, sinon on va croire que plus qu'un thriller ton bouquin est un long message codé!:-) Bien que...on se surprend volontiers, sans y prendre garde, à être un Hercule Poirot en jupette!
Allez, dernier saut de puce avant que Fille de l'absinthe ne se perde dans les limbes du forum... J'en profite pour vous souhaiter à tous un très bon week-end! (au moins, ce post aura servi à quelque chose...!)
Il aura pas vu le jour mon pt'it post! Alors je vous souhaite à présent une bonne soirée à tous! (promis, c'est ma dernière tentative...mais c'est que j'y tiens à ce recueil!)
Pour la peine, un dernier extrait (promis, c'est le dernier!!!)
Etat d'âme
De mon écrin de chair, j'entends hurler le vent balayant de la pierre les empreintes du temps.
Entends, ô poussière! recouvre mon tombeau de ta soie mystérieuse, protège ce linceul du froid de la poudreuse, partage avec le vent la pierre qui me salue et fait durer le temps, aux yeux de l'inconnu. Mais surtout, n'oublie pas de taire le silence qui parle encore de moi.
J'ai transporté ma foi durant toute l'existence. Comme un fardeau, cent fois j'ai frôlé la démence.
Toi, l'être aimé qui n'a su m'écouter, portes-tu mon deuil comme une faute à expier? Viens-tu chaque dimanche, orner de fleurs la prison de bois qui enferme mon coeur?
Ne réponds pas. Je sais. Aucun pas ne s'attarde sur ma piètre demeure. Mon amie la poussière préserve mon malheur.
Je pense que je vais me décider à acheter ce livre qui me plait de plus en plus. J'y vois les tourments de la nuit et une très grande sensibilité. j'aime ces vers. merci à toi de nous les faire découvrir
merci pour ces moments partagés. Je crois que ce qui nous rapproche est cette sensibilité, parfois exacerbée, qui se dévoile à travers nos poèmes. Plume, je te conseille vivement de lire 'Et le diable sourit', je suis certaine que, comme moi, tu sentiras les larmes couler en refermant ce livre...