Résumé
Nous étions ce que l'on appelle communément des « pieds noirs » : nous venions d'Algérie. Au fait, pourquoi nous appeler « pieds noirs » : nos pieds ont la même couleur que tout un chacun. Je pose la question car certains personnages, plus « malins » et narquois que d'autres, me posèrent la question de nombreuses fois. Comme on dit à l'église : « Heureux les simples d'esprits' ». Ce sobriquet vient du fait que quand les troupes françaises débarquèrent en Algérie, les indigènes les appelèrent « pieds noirs » en référence aux bottes de cuir noir dont ces militaires étaient chaussés. Donc nous étions des « pieds noirs » et en 1959 mon père, qui ne se faisait plus d'illusions sur l'issue des « événements d'Algérie » (termes consacrés à l'époque), avait décidé de venir en « métropole » (encore un terme usité à l'époque) puis, dès que possible, il devait venir nous chercher. En fait, cela lui a pris un an pour y arriver. Et encore, il a fallu l'aide de son patron de l'époque qui, le voyant triste et déprimé, lui demanda quel était son problème. Après qu'il sut ce qui se passait, il dit à mon père qu'il lui prêtait l'argent nécessaire au voyage et qu'il pouvait prendre le temps qui lui serait nécessaire pour aller nous chercher. Il y a de brave gens dans ce monde ! Ainsi, mon père put faire ce qu'il avait promis à ma mère. Nous sommes arrivés à Paris le premier janvier 1960. Quelle célébration de nouvel an ! J'avais quatre ans et demi. Il nous conduisit dans sa modeste chambre d'hôtel. Quel ne fut pas le désespoir de ma mère, quand elle découvrit l'endroit minuscule où vivait mon père. Elle pleura beaucoup. Mon père se mit, rapidement, en devoir de trouver un autre endroit pour vivre, et quelques semaines plus tard, nous aménagions à Chelles'