Résumé
La peau parée, fardée, marquée, voire déguisée, exacerbe la personnalité de l'individu, mais donne aussi à voir l'intimité, parfois avec subtilité, d'autre fois avec ostentation. La peau en ce sens est un vivier de signes. Vecteur de plaisir et source de honte tout à la fois, la peau tour à tour basanée, veloutée, satinée, sèche, flétrie et qui se fâche, est un marqueur essentiel de notre identité. Elle est par ailleurs, une barrière qui offre une protection importante contre les virus, les bactéries et le rayonnement ultraviolet. Comme tel, l'épiderme régule notre climat individuel avec ses cent glandes sudoripares au centimètre carré.
C'est la frontière entre ce trop, ou ce pas assez, qui va déterminer ce qu'il convient d'afficher dans nos sociétés où le paraître, le convenable ou l'indécent, semblent tour à tour exclure ou séduire. Aussi, la peau est la surface d'expression privilégiée, le symptôme d'une époque où tout s'entremêle pour construire un bric-à-brac d'identité, où notamment, l'apparence, l'illusion, priment parfois sur le réel. Dans ce contexte, les tatouages, les piercings, les implants, le body painting et les divers artifices rapportés sur la peau sont autant de manières de se raconter et de se montrer aux autres.
Par cette quête cérémoniale qui dévoile ses appartenances et ses différences, l'être humain invente la peau du monde en métissant ses couleurs, ses odeurs et ses humeurs. En quelque sorte, une exploration de la peau bannière et barrière métamorphosée, qui risque de bousculer bien des idées reçues sur notre enveloppe corporelle, qui occulte des secrets bien gardés sur la dualité première, s'affichant comme un même corps dissident et corps défendant.
Au cours de cet ouvrage, le lecteur découvrira une anthropologie de la peau nourrie de la sociologie de la mode, de la nudité, où l'anatomie et l'art font bon ménage depuis la nuit des temps. Somme toute, un parcours en surface et une plongée en soi-même sous la peau, qui nous fait prendre conscience de l'incroyable machine dans laquelle nous séjournons provisoirement. Le malaise qui en émerge est parfois de taille : c'est l'image de nous même qui s'en trouve affectée avec la représentation annoncée de nos futures maladies et de notre mort. Le « je sens, donc je suis », montre que la condition humaine a aussi partie liée avec le corporel.