Convaincu de la prééminence des réalités invisibles sur le monde visible, je crois fermement que rien n'est plus important, pour l'homme, que ce qu'il croit : rien n'est plus important que la vie intérieure de l'homme. Partant de ce principe, il apparaît évident que toute analyse historique et politique dépourvue de la dimension spirituelle et religieuse inhérente à l'homme, restera une analyse aveugle et vaine. Les réalités spirituelles dictent les événements temporels, et la neutralité spirituelle n'existe pas.
Quelles que soient les croyances, une réalité temporelle inaltérable s'est imposée à l'humanité entière : le temps des hommes s'articule autour de l'incarnation de Jésus-Christ sur la terre. L'an zéro : il y eut un avant et nous vivons dans l'après. Jésus-Christ est la bascule du temps, et contrairement à l'éternité, le temps, par nature, est compté. De fait, Jésus-Christ est le Maître du temps, et cette réalité ne tient aucun compte des avis et humeurs instables des hommes.
Pourquoi parler d’Israël ? Durant mon enfance, j’ai toujours ressenti autour de ce nom comme un malaise, une incompréhension. La liturgie dite catholique que mon éducation me donnait à découvrir et à vivre, m’invitait à entendre des paroles tirées des saintes Écritures – ancien et nouveau Testaments, chants, prières – et bien souvent, ce nom : "Israël". Je ne parvenais pas à faire le lien entre le peuple d’Israël dont il était question, ce peuple de l’ancienne Alliance, "peuple élu", c'est-à-dire choisi par Dieu ; et l’entité politique du même nom, fondée un peu moins de vingt années avant ma naissance. Comment admettre une supposée unité entre une identité élue de Dieu et donc destinée à une vocation salutaire, et un lieu géographique terrestre ensanglanté d’un drame permanent ? Le bruit ambiant du monde me faisant entendre que ce nom en question était attribué à l’identité juive, et je ne pouvais pas comprendre ce que signifiait être Juif : j’apprenais religieusement que Jésus-Christ, le Seigneur Dieu, "Roi des Juifs" selon Pilate, incarné au sein de ce peuple juif, avait été rejeté et livré à une mort infamante par les Juifs. D’autant plus difficile à comprendre qu’ayant reçu l’éducation religieuse émise par la nouvelle théologie née de Vatican II, j’étais censé admettre que Juifs et Chrétiens croyaient dans le même Dieu, malgré ce déicide. Comment pouvoir associer unité et rejet ? Je ressentais comme un non ajustement, une incompatibilité, et ne parvenais pas à concevoir de continuité entre l’histoire sainte que j’écoutais, de l’ancienne Alliance jusqu’au Christ et Son Église instituée par Lui, et l’histoire contemporaine relative à ce qu’il est convenu d’appeler "l’État hébreu". Comme si l’identité d’Israël s’était perdue. Ce nom d’Israël me dérangeait : il évoquait pour moi à la fois l’Alliance entre Dieu et Son peuple, l’horreur de persécutions de juifs abondamment et constamment rappelée à la terre entière comme un catéchisme obligatoire et culpabilisant, et un conflit meurtrier incessant sur la terre de Palestine, terre où naquit Jésus de Nazareth. "Israël" m’étais mystérieusement problématique.
Cette très profonde incompréhension – d’abord d’enfant puis d’adolescent – ne m’était pas précisément identifiable, elle était confuse et il m’était donc impossible de la formuler malgré sa présence, et je l’ai intériorisée. Plus tard, je la délaissai. Encore plus tard, ma relation au mass-media ayant catégoriquement changé, ce nom d’Israël a ressurgi en mon esprit. C’est alors que, quelques années avant mes cinquante ans, le temps de l’extériorisation et de la clarification est arrivé. Convaincu que les existences invisibles répandues dans les espaces célestes évoquées par l’apôtre Paul (Éphésiens 6, 12) exercent un pouvoir sur celles du monde visible, et pressentant une importance première sur ce nom d’Israël, j’ai eu besoin de mieux en découvrir et comprendre la signification théologique, et donc de rechercher ce que Le "Verbe de Dieu" enseigne à son sujet. En m’y attelant, il m’a été donné de découvrir l’impensable : Israël n’est pas "Israël". Plus exactement, "Israël" n’est pas ce que le monde croit. Par conséquent, en constatant que mes coreligionnaires catholiques croient ce que le monde croit au sujet d’Israël, j’ai compris que l’enseignement infaillible de l’Église catholique avait été et reste occulté. Vatican II a été l'aboutissement d'un processus révolutionnaire initié au commencement de l'ère chrétienne. J’ai donc compris que l’éducation religieuse que j’avais reçue était erronée, trompeuse : contrairement aux apparences entretenues, la Synagogue et l'Église sont diamétralement contraires. La première est à l'Antéchrist ce que la seconde est au Christ. À l’ancien succède le nouveau, l’après indique que l’avant est consommé.
L'esprit du monde est relativiste : il lui est insupportable d'entendre qu'une vérité immuable le dépasse complètement. Qu'en sera-t-il de chaque homme, une fois franchie la frontière séparant le temps terrestre du mystère de l'éternité ?