Pendant l'une des rares fois de ma vie où la maladie m'a cloué au lit, je me suis senti si oppressé, si empêché, que le rêve a surgit. C'était en 1983. Elles étaient déjà là, dans mon premier cahier, ces sorcières, cette chinoise. Etaient là aussi mon lion, mes monstres et mes saints. L'écriture s'est imposée comme un chat errant qui décide, une fois installé, que chez vous c'est désormais chez lui. Je ne me suis jamais plus arrêté de noircir des cahiers ; puis, à l’aube du XXIè siècle, d’accumuler des fichiers word.
J'ai trouvé les maîtres, Victor Hugo pour les anciens, Umberto Eco pour les contemporains. Le premier m'a inspiré le geste, le second, le cadre. D'autres écrivains et autrices me sont chères en commençant par la puissante Marguerite Yourcenar, puis, Milan Kundera, Jane Austen, Leon Tolstoï, Gustave Flaubert, George Sand, Virginia Woolf, Hermann Hesse, Patrick O'Brian, Joseph O'Connor, Sei Shonagon...
Pour être tout à fait juste, mon univers est proche du roman gothique traditionnel et de l'écriture classique. La dimension fantastique demeure discrète, et n'use de la fiction que pour mieux interroger le réel.
Loin sont les encourageantes et gratifiantes aventures germanopratines (deux agences, Albin Michel, Phoebus, Le nouvel Attila, La Volte... à rendre jaloux, n'est-ce pas? :-)) et les soutiens d'un certain auteur et d'une certaine autrice qui ont mon affection. Las de jouer les Pénélopes, mais pas d'écrire, j'ai fini par accoucher tout seul comme une squaw au fond des bois. Guère par ambition, juste parce qu'un texte abouti ne nous appartient plus totalement.
Mais... pas sûr que ce soit sage que vous vous procuriez "Moi, Judikaël Caumanoir" ou "Tous les démons sont ici". Leurs qualités sont aussi les défauts qui m'ont valu tant de refus: trop littéraire. Trop enthousiasmante, m'a-t-on même rétorqué. En tout cas, tatez-moi ça! C'est pas de l'i.a.