Mon nom n'a pas toujours été Myriam Ouizemann.
Je suis née et ai grandi dans une famille catholique, et je m'appelais Christine Simon. J'ai grandi les pieds dans l'eau, dans la région très touristique de la Côte d'Azur, entre Marseille et Nice, mais ma famille était originaire de Lorraine et de Normandie, régions que je n'ai jamais vraiment connues, ce qui m'a donné une impression de déracinement perpétuel, accentué par le fait que je n'ai jamais connu aucun de mes grands-parents. Le 26 Mai 1968, Paris était en pleine révolution. A 1000 km de là, je faisais ma profession de foi, très impressionnée, à Saint Raphaël. Comme nous étions éloignés de toute famille, personne n'est venu à la fête. Les photos ont toutes été ratées et le petit film qui subsistait a disparu. J'avais fait ma révolution, sans le savoir. Présage de l'avenir ? Cette date correspondait (par hasard, mais je n'y crois pas) au premier anniversaire de la réunification de Jérusalem et à la date de notre alyah (montée en Israël), 21 ans plus tard. En classe de terminale, grâce au cours de philosophie d'un professeur qui pratiquait l'absentéisme chronique, ce qui a donné des sueurs froides à toute la classe pour le bac, j'ai eu une première illumination : je suis devenue athée. Trois ans plus tard, j'en ai eu une deuxième : celle des apparitions de la vierge Marie à San Damiano (Italie). Devenue profondément catholique, j'ai voulu devenir religieuse chez les petites sœurs de Bethleem, aux îles de Lérins, face à Cannes, où j'ai passé toute une Semaine Sainte, et avec lesquelles j'ai fait un stage de pré-postulat, aux Monts Voirons dans les Alpes, et aussi un pèlerinage en Terre Sainte, c'est-à-dire en Israël. Les apparitions de San Damiano et la congrégation des Petites Sœurs de Bethleem n'étant, à l'époque, pas reconnues par l'Eglise, j'avais donc fait involontairement un pas hors de l'Eglise.
Parallèlement, j'ai voulu lire la Bible dans sa langue d'origine : l'hébreu. Tout-à-fait par hasard (mais je n'y crois pas encore), un prêtre m'a recommandé des cours d'hébreu. Ma première leçon, qui a marqué un profond changement dans ma vie, a eu lieu le 29 juillet 1982. « En changeant de lieu, on change de vie », dit le proverbe : je suis montée à Paris pour mes études d'hébreu. Avec l'hébreu, j'ai appris à connaître le judaïsme et, parallèlement, la grande question de l'antisémitisme chrétien, en fréquentant à Paris et à Versailles le cercle des catholiques intégristes. J'en suis sortie quelque peu meurtrie dans ma foi, ayant mesuré de près la profondeur de la remarque d'Ernie : « Ils prennent la croix par l'autre bout, et ils en font une épée, et ils nous frappent avec ! Ils prennent la croix et ils la retournent, et ils la retournent, mon Dieu !» ("Le Dernier des Justes", André Schwartz-Bart) …
En quittant les catholiques intégristes, j'avais déjà tout un pied hors de l'Eglise. J'avais déjà pris ma décision : un jour, j'entamerais une conversion au judaïsme. Mais je voulais d'abord régler la question de l'antisémitisme chrétien. Mais j'ai rencontré mon mari, Haïm Ouizemann, ce qui a provoqué un inversement de la situation.
Avec lui, nous avons immédiatement mis en route deux grands projets : une famille et notre montée en Israël, où nous sommes arrivés en 1989. Je me suis convertie, finalement et vraiment par hasard (auquel je n'ai jamais cru), j'ai pu me convertir et me marier religieusement, six ans presque jour pour jour après notre mariage civil. J'avais enfin trouvé mes racines. « Car l'homme est un arbre du champ », dit le dicton. C'est ce que j'étais devenue. Mon rêve était devenu réalité, ce dont je remercie chaque jour l'Eternel.
J'avais quitté l'Eglise, mais pas Jésus, pas tout-à-fait. Parallèlement à ma recherche sur l'antisémitisme, je me suis attachée à redécouvrir Jésus, dans son contexte primordial, dans son pays, la terre d'Israël, la Galilée, la Judée et Jérusalem, dans ses langues, l'araméen, l'hébreu… Pas d'illumination cette fois-ci, mais beaucoup d'étude, de recherche et de réflexion. C'était et cela reste toujours mon premier grand projet de comparaison des religions, en collaboration étroite avec Haïm.
Enfin, à la suite d'une rencontre « fortuite » (mais non, je n'y crois toujours pas), sur un grand réseau social, j'ai entamé mon second grand projet de comparaison des religions (encore en état de découverte et de petites notes virtuelles), cette fois-ci entre le judaïsme et l'hindouisme, qui, malgré leurs trop évidentes différences, s'avèrent avoir beaucoup de choses en commun.