Ecrire... Depuis l'enfance, j'ai toujours aimé manier ma langue et, écolier, collégien, puis lycéen, le français est demeuré, avec l'histoire, ma matière préférée. Avec l'adolescence, je connus la soif et la faim de lire. Je dévorais. Puis l'éveil aux musiques - avec ou sans paroles - et un amour immodéré du cinéma, prirent l'ascendant. Elève moyen, je n'ai pas osé m'engager dans des études supérieures en lettres, filière dévaluées depuis 1968 -hors Khâgne -, avec ses fac parkings, réputées pépinières de glandeurs. Le Droit, à ma portée, semblait offrir des débouchés plus ouverts, pour peu qu'on veuille sortir du champ des professions du milieu, si j'ose dire. Et, de fait, j'y ai gagné une carrière dans la Fonction publique d'Etat sans souci du lendemain, au prix d'un investissement sans frein. Pendant plusieurs décennies, le travail, la famille (avec trois enfants), les loisirs de week-ends et de congé, firent que les journées n'étaient jamais assez longues pour se poser. Alors, écrire... Au-delà des émois littéraires adolescents, inconstants et trop verts, je protégeais ma jachère par l'argument du manque de temps. En vérité, je n'osais pas oser... Un cataclysme familial et le tournant de l'âge aidant, après m'être laissé bercer de rencontres en voyages assortis de réflexes de photographe et vidéaste amateur, pressentant par le biais de la maladie l'approche de l'aiguillon de la mort, j'ai finalement ressenti un peu tard, à l'heure où d'autres ont déjà bouclé leur oeuvre, le besoin d'un chant du cygne, une urgence de léguer quelque chose avant de disparaître. J'ose enfin l'envie, la difficulté, et le plaisir d'écrire, avec l'ambition de donner du plaisir, mais sans prétention. Juste le meilleur de moi-même, jusqu'à ce que l'envie s'esquive, et me porte à clore ce chapitre - pour une petite mort, ou l'issue définitive -, en apposant le mot "fin"...