Passionné par l’histoire locale des villages où j’ai vécu, je me suis retrouvé par le plus grand des hasards à marcher dans les pas d’un de nos plus illustres concitoyens. Henri Desgrange, le fondateur du Tour de France. C’était il y a plus de 20 ans. Depuis, mon univers d’auteur est essentiellement axé sur la vie de ce personnage ô combien singulier.
Ce personnage atypique est généralement présenté comme un être peu sociable, un patron tyrannique. Pourtant, son premier cercle de proches nous rapporte des faits en totale contradiction avec ces affirmations. Henri Desgrange est un homme abordable. Toujours à l’écoute de son prochain. Un ami fidèle, un compagnon attentif. Comme tout a chacun, il avait ses défauts et pas des moindres. Il ferait l’objet, de nos jours, d’une cabale incessante pour ses propos sexistes et bien souvent misogynes. Cet état d’esprit était-il dans l’air du temps ou était-ce tout simplement de bon ton de se présenter comme le mâle dominant. Sans se soucier ni se rendre compte du mal que cela causait sur son entourage. Pour nous il est certain que cette posture n’était que l’image qu’il voulait donner à ses détracteurs nombreux au demeurant. En famille le lion se faisait mouton. Sa compagne, l’artiste peintre Jeanne Deley, une femme de caractère ne s’en laissait pas compter. Et pour enfoncer le clou, il n’y avait pas père plus protecteur. Sa fille Denise, était la prunelle de ses yeux. Côté professionnel, la musique n’était pas la même. Henri Desgrange était, il est vrai, un travailleur acharné. Entre 15 et 18 heures de labeur par jour. Impensable de nos jours mais c’était le lot de tous ces grands noms de l’édition. Les enfants travaillaient bien dans les mines sans que personne ne s’en émeuve.
Lors de la succession Desgrange, il est apparu qu’une partie des œuvres d’art et des biens du père du tour avait été dévolue par sa compagne Jane Deley à L’Orphelinat des Arts. Mais quel était cet établissement que personne, même les artistes ne connaissait ? Devant l’absence quasi-totale d’informations sur le sujet, il ne me restait plus qu’à me mettre en quête de cet internat qui s’avérera être un pilier du bien fait social de notre pays. Une institution créée de toute pièce en avril 1880 par un groupe de dix femmes artistes. Toutes plus populaire et adulée les unes que les autres. Un orphelinat voué exclusivement aux filles et petites-filles nées de parents artistes.
Ma recherche n’avait pour but, à l’origine, que de retracer le parcours des œuvres d’art de la succession Desgrange. Mais il m’est vite apparu que cette belle fondation avait une âme. Que ses fondatrices, au passé sulfureux pour certaines, étaient quoi qu’on en dise, elles aussi de belles âmes. Cet ouvrage vise à établir les raisons qui ont poussé l’actrice Marie Laurent et ses consœurs à fonder cet établissement. À retracer l’évolution de l’orphelinat au fil des années. À témoigner de son impact non seulement dans la vie des petites orphelines mais également sur l’encadrement et ses sociétaires. Il y aura des rires et des larmes bien sûr, mais au final L’Orphelinat des Arts sera une véritable maison de la seconde chance pour toutes ces petites déshéritées. Pour toutes celles, qui après avoir subi le choc de la perte d’un parent cher, se trouvaient devant la dure réalité d’un placement. La maison de Courbevoie, comme la dénommait sa fondatrice, n’avait rien à voir avec les établissements miséreux de l’époque. Là, les petites fracassées de la vie vont peu à peu se reconstruire. Étudier, s’éduquer et pouvoir espérer une vie meilleure.