Mon récit raconte ma vie de part et d’autre de la méditerranée :
J’ai vu le jour en 1938 dans un village du sud algérien brûlé par le soleil sans une goute d’eau à 10 km à la ronde une grande partie de l’été.
Dans le meilleur des cas, un seul programme s’offrait à moi : l’apprentissage du Coran par cœur jour et nuit, sans une once d’explication ou de grammaire. Mais, malgré le dénuement, mon village (Liana) jouissait d’une certaine vie « intellectuelle » assez riche à mon sens.
Aussi, dès mon plus jeune âge j’ai continuellement rêvé d’aller chercher le « Savoir » là où il se trouvait. En Algérie même j’ambitionnais de devenir « Alem », savant en religion et linguistique arabe, rêve qui se transforma progressivement en besoin de savoirs scientifiques purs, une fois en France. Mon côté rêveur et ma curiosité « intellectuelle » provoquaient le désespoir de mes parents qui estimaient que ces aspects de ma personnalité faisaient de moi un bon à rien pour de bon et un paresseux sans avenir…, jugement qui me révoltait, même si au fond de moi je pensais comme eux. Mais, heureusement, il arrive que les parents se trompent !
le 20 juillet 1957, en pleine guerre d’Algérie, je débarque à Marseille avec pour seul bagage : ma connaissance du coran et trois ans de petits boulots ça et là en Algérie. Je suis alors quasi analphabète. Mais, heureusement, il arrive que le déterminisme social ne l’emporte pas ... .