Claude MILCENT

Claude Milcent. Né en 1933. A l'âge de sept ans il a croisé la deuxième guerre mondiale, en a connu le déroulement cahotique et souvent clandestin, la fin victorieuse et parfois amère. A dix ans son premier contact avec les libérateurs Yankee l'a profondément marqué. Puis il a vécu au Maroc où ses parents, modestes (on vivait sous le seuil de pauvreté sans le savoir) tentèrent un peu de 'mieux-vivre'. Le communisme des petites gens s'y dévoile sans pudeur, sans complexe, sans âme. Il s'en évade.

Claude Milcent fait alors connaissance avec la guerre d'Indochine, qu'il frôle, puis la guerre d'Algérie et l'indépendance du Maroc, conflits dont les traumatismes sont loin d'être oubliés. Il est enfin rapatrié avec un million de ses compatriotes, en 1962. Première grande vague d'épuration ethnique dont le bien-penser actuel voudrait faire comme si ça n'avait pas eu lieu.

Sa vie ensuite plonge dans un quotidien moderne, fructueux, actif, chargé de croissance et de retours sur investissements, dans le règne du vénéré ROI (Return of Investment). On est dans les trente glorieuses.

Son père, mousse à dix sept ans, s'était embarqué pour la l'Asie le jour de ses dix huit ans, là où brûlaient les concessions visitées par Malraux. Il joua aux cartes pendant la drôle de guerre avant de prendre le maquis comme on prend ses jambes à son cou. Lui aussi la guerre lui a tenu compagnie.

Quant au grand père, 'Clobasse', du nom qu'on donnait aux clowns, autrefois, Pater Familias à l'ancienne, il raconte ses campagnes de 14-18 qu'il intitule 'la grande farce'. Son arrière grand père, communard reconnu, l'avait élevé dans la suspicion du bourgeois. Dans cette famille normale, la guerre était de tous les anniversaires.

Autant dire que Claude Milcent observe la guerre et ses serviles pourvoyeurs avec lucidité. L'humour, souvent grinçant cache mal sa douleur et sa sensibilité face à ces tragiques parenthèses de l'Histoire. On croit qu'il se moque ? Non'il cache sa peine'ou son dégoût.
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