Andrzej Zimniak, écrivain, publiciste et chercheur en chimie, est né en 1946 à Varsovie. Sa carrière d'écrivain a débuté en 1980 avec la nouvelle intitulée le Duel. Depuis, il a écrit et publié de nombreux récits fictionnels, des essais et des articles qui traitent principalement du phénomène de la vie et des voies que pourrait emprunter l'évolution. La vie pour Zimniak, vue à l'échelle des astres et des planètes sur lesquelles se déroulent de chaotiques processus géologiques, est un prodige qui pourrait presque être assimilé à un caprice de la nature. La science ne sait pas si l'apparition de la vie est une règle ou une exception. Elle ignore également si la force productrice de la vie siège dans les caractéristiques immanentes de la matière, si son émergence a été intentionnelle ou si son avènement représente une étape de l'évolution de l'univers. De même, Zimniak attache beaucoup d'intérêt à la génomique et se questionne passionnément sur le problème du déterminisme qui découle de l'existence des gènes, de leur rôle et de leur fonctionnement. Dès lors, il interroge souvent ses personnages sur l'origine de leur motivation en les mettant en scène dans des situations d'oscillation, consciente ou irréfléchie, entre l'exigence de la nature et le besoin affectif ou moral. Nos choix et nos comportements sont-ils uniquement inspirés par l'obligation de transmettre à tout prix le bagage génétique et par l'impératif de la perpétuation de l'espèce ? Peut-on tromper les gènes et se défier de la mission qu'ils nous ont aveuglement confiée ? Les gènes sont-ils synonymes du destin ? La société, la culture et le progrès sont-ils les dérivés des contraintes auxquelles nous soumettent nos gènes ou sont-ils l'??uvre biologiquement indépendante de nos esprits créatifs ? Ainsi Zimniak se penche également sur la civilisation, son développement et les dangers que peut entraîner l'activité humaine intense et organisée. Etant scientifique passionné, il déploie aussi les efforts de popularisation des sciences. Dans sa conception, la science et la technologie rapprochent l'homme de la connaissance sur lui-même et sur le monde. Malheureusement, elles sont souvent accusées à tort des maux que provoquent, en réalité, la bêtise et la violence. On les inculpe aussi de ne pas exaucer le rêve de l'éternelle béatitude. Ceci est un malentendu. La science n'est qu'un outil pour observer le monde et pour organiser les constatations recueillies. L'application, la valorisation, la recherche du sens et du but ainsi que la quête du bonheur sortent des enceintes de la science et elles n'ont aucune prétention pour apporter les réponses à ces questions.
L'écriture d'Andrzej Zimniak puise dans différentes sources d'inspiration. Il s'inspire aussi bien de la science-fiction, du conte de fée, du fantastique, de la grotesque que de la fiction sociologique. Dans ses récits, il s'emploie à mettre en scène la perception subjective de la réalité qui réserve de multiples surprises. Ce qui intéresse Zimniak, c'est l'homme dans des conditions inhabituelles et les ressources que mobilisent et révèlent en lui les variations soudaines des repères. Son approche de l'homme, de la vie et de l'univers est loin d'être univoque. Des phénomènes apparemment cruels et insupportables peuvent cacher de la magnificence et de la beauté. Les voies de la félicité sont aussi multiples qu'impénétrables. Il mélange subtilement et aisément le rationnel et le fantasque dans le but profondément humaniste de glorifier l'homme et ses réalisations.
La réalité virtuelle représente pour Zimniak le monde fantomatique engendré par l'imagination qui reste pourtant le reflet de la réalité physique. Elle signifie la vie dans un environnement généré artificiellement autour de l'homme ou à l'intérieur de son esprit. Elle incarne l'utopie ou le pays du bonheur incessant où aucune dépendance physique ne restreint plus l'homme, le corps ne vieillit pas, l'homme peut se créer lui-même et transformer à sa guise l'espace dans lequel il vit. Malheureusement, la réalité virtuelle a aussi ses limites. L'univers fantomatique dépourvu des stimuli incessants venus du monde matériel serait fermé comme un serpent qui se mord la queue et voué à la dégénérescence. A moins qu'il soit doté de sa propre intelligence capable de générer les changements et introduit des nouveaux éléments qu'elle puisera dans l'extérieur, dans la réalité physique. En plus, la simulation doit être vraiment parfaite parce qu'un tel monde a aussi besoin d'amour, de tradition, de liens familiaux et amicaux ainsi que de la douleur et de la mort. Sinon il deviendra un simulacre morbide, l'espace de l'assouvissement impuni des plus bas instincts, un berceau de psychopathes.
Selon Zimniak, il n'existe aucune interaction spontanée possible entre la réalité virtuelle et la réalité matérielle de la même manière que les rêves n'influencent aucunement l'environnement du dormeur. Néanmoins, de temps à autre, quelque chose peut perturber le sommeil, par exemple, un son fort qui est ensuite traduit sous la forme d'une image onirique. Analogiquement, les dérèglements dans le fonctionnement de l'appareil générateur de la réalité virtuelle peuvent perturber les impressions de son utilisateur. Alors, si un jour une forme de vie se développe au sein du réseau virtuel, l'endommagement du réseau peut entraîner l'apocalypse du monde de ses habitants. Pour ce qui est des conséquences de coexistence du monde matériel et de l'univers virtuel, il faut anticiper séparément les événements proches et ceux à long terme. Les recherches sur la vie ne parviennent pas, actuellement, à dissocier la forme du contenu mais, peut-être, la technologie numérique permettra un jour d'effectuer ce genre de simulations. Paradoxalement, sans comprendre le phénomène de la vie, nous allons, le cas échéant, le transférer à un autre niveau d'existence grâce à la technologie de la réalité virtuelle. Son évolution peut aboutir à un dispositif qui permettra aux humains de «se copier» avant de mourir et de placer leur copie dans l'univers virtuel qui ne restera pourtant qu'un substitut, amélioré ou appauvri, de l'environnement dans lequel ils ont vécu auparavant. Au moyen d'une interface adaptée, les transcriptions virtuelles des esprits humains pourront communiquer avec leurs proches. Le perfectionnement de l'appareillage et des programmes définira le niveau de crédibilité de ces fantômes. Par la suite, il serait, peut-être, possible de reproduire l'esprit humain dans la mémoire d'une machine à l'aide d'un procédé comparable au chargement d'un logiciel intelligent sur un disque dure de l'ordinateur. Un tel programme pensant vivrait au sein de la réalité virtuelle d'espace disque dans la pleine simulation de la réalité et il pourrait, également, «regarder» à l'extérieur à l'aide d'une interface spécifique et étudier l'environnement externe. Un logiciel bien conçu ne ferait pas la différence entre l'environnement virtuel et l'espace matérielle. Et qui sait, la Terre, avec son chaud revêtement de l'atmosphère, avec ses océans bleus et la vie organique n'est, peut-être, qu'un monde virtuel enfermé dans un circuit fermé placé au centre d'une planète déserte et décharnée au milieu du cosmos froid, menaçant et vide. Vue sous cet angle, notre vie est complètement virtuelle et nous entrevoyons l'extérieur en faisant de courtes excursions spatiales qui ne sont rien d'autre que des expéditions au sein du monde réel plutôt odieux. Il est intéressant de souligner que dans cette configuration la question sur l'origine et sur l'auteur du programme qui régit la biosphère terrestre reste toujours actuelle.